[RP] La guerre... Farouche et insatiable...

Sioun a accompli ses quêtes dans la désolation des Dragons, la lieuse a tenu sa parole. Elynaëll sera soignée mais alors qu'elle était dans un profond Comas, elle assista à distance à la mort de son père.


Inannä avait trompé Sioun. Alors même que ce dernier était en train de dissoudre son coeur et qu'il lui demandait toute la vérité, elle jugea bon de continuer à lui mentir encore et encore. Ce mensonge fut sa fin et lui enleva toute envie de vivre. Pour la première fois de sa vie, il réagit très égoïstement. En réalité non, il choisi le sacrifice du Naaru, Thëlodian en avait parlé autrefois. La rage dans laquelle cela risquait de le plonger en aurait fait quelque chose qu'il ne voulait pas devenir. Il a donc opté pour la mort en restant fidèle à ses principes, à sa lumière.



Il aimait cette femme qu'était Inannä, elle était tout pour lui, son rayon de soleil comme il disait et elle avait joué avec lui sur la fin. Quitter tu peux songeait il mais pas me faire mal de la sorte au point de me tuer. Elynaëll senti au loin la détresse de son père et les raisons de sa mort. Sa mère allait à présent devoir s'expliquer devant son juge, devant sa fille. Elle avait perdu son Mari pour qui de toute façon elle n'avait plus le moindre respect au point de le tromper, elle allait à présent perdre sa famille et bien d'avantage encore car elle attira sur elle le courroux d'un Daelündir, l'exécuteir, le Daelündir Onirion. Un être antérieur à Bane Sel'derios endormi depuis des millénaires, un être comme on en fait plus dont les pouvoirs et la connaissance vont au delà de tout ce que l'on peut imaginer. Cet être impitoyable était venu à elle demandant son Coeur ainsi que l'essence du She'ladrim en échange des fragments de Syl'menthir de Sioun, seul moyen de lui redonner vie. Devant son refus, Onirion ne perdit pas de temps et ne sera ni raisonnable, ni magnanime ni tolérant. Il détruira la gardienne et tout ce qu'il peut y avoir autour d'elle...

Ishnudora se préoccupait de ses petits projets, pensive. Elle imaginait aussi son mariage, qu'elle espérait prochain. Tout allait bien, et puis... quelque chose vint lui arracher la moitié du corps. Elle se senti projetée à une dizaine de mètres, contre le tronc d'un arbre et senti ses os se briser comme des brindilles. La chaleur du sang imbiba rapidement ses vêtements. La violence du choc lui fit perdre connaissance quelques minutes, le temps de mourir. Elle reprit ses esprit, et en ouvrant les yeux, s'aperçut qu'elle était physiquement indemne, et qu'elle était simplement tombée sur le sol. Mais on venait de lui arracher quelque chose. Une partie d'elle-même. Elle avait froid. Un étrange sentiment la gagnait, elle ne s'était, de sa vie, jamais sentie aussi seule. Son frère était si loin... encore plus loin que lors de son premier départ en Norfendre... Qu'est-il arrivé ?!
Prise de panique, Ishnudora se mis à creuser la terre avec ses propre mains, jusqu'à former un petit trou dans lequel on aurait pu loger une tête. Elle y déposa alors un fragment d'âme, en entama une récitation invocatrice. Le fragment fondait au fur-et-à-mesure, puis des vapeurs s'en élevèrent, ainsi qu'une voix douce et grave.
"Bonjour, petite voyageuse. J'attendais l'occasion d'honorer ma promesse auprès de ta famille, selon nos accords. Est-ce le jour ?"
"Oui... s'il vous plait... mon frère n'est plus... retrouvez mon frère. Attendez... non, il faut retrouver Innanä, sa femme. J'ai senti que... elle est concernée. J'ai senti son contact. Elle saura probablement me dire."
"J'envoie mes Serviteurs Ridicules les plus dévoués. Où doivent-ils chercher ?"
"En... en Kalimdor. Je n'en sais pas plus. Merci, seigneur Hyiopé"
"Courage, petite voyageuse."

Les entités foullièrent chaque région, chaque maison, chaque tour à la recherche de l'elfe. Quand enfin l'une d'entre elles l'eût trouvée, elle pris le message de la mort de Sioun, et l'apporta à sa soeur, qui par 'chance' n'était qu'à quelques lieues et un petit coup de pouce de ce seigneur Hyiopé, et aussitôt s'élança à cheval de feu.

Le spectacle du corps de son frère, gisant, lui enseigna la plus grande peine qu'elle ai eu à connaître dans sa vie. Elle ne comprenait pas. Sa foi en lui était sans limite. Mais il l'avait laissée. Le temps d'en apprendre la raison, elle cherchait à comprendre comment. Mais les faits étaient là. Sa faiblesse n'était pas là où ses ennemis l'attendaient. Et c'est de l'intérieur que la mort l'avait fauché, comme un cancer.

Ishnudora devrait désormais lutter contre l'amertume. Retrouver l'âme errante de son frère n'était pas forcément quelque chose d'évident, d'autant qu'elle ne connaissait rien au sujet. Que pourrait-il dire ? Parti de lui-même, rien ne semblait être en mesure de le ramener.
Luttant contre le désespoir, Ishnudora fit emporter le corps par le Serviteur Ridicule qui l'avait accompagnée, auprès de sa mère, juste après la visite aussi prompte qu'étonnante de ce fameux daelundir, manifestement lié à son frère. Ce dernier avait presque réussi, par ses propos odieux et menaçants, à faire perdre patience à Ishnudora, s'adressant à Innanä avec un mépris sans égal. Après tout, l'attitude de cette dernière avait causé la mort de son frère jumeau, et il lui fut extrêmement difficile, étant donné les circonstances, de revenir aux principes et aux valeurs qu'elle voulait exercer, et rester distante. Car le combat de ce daelundir n'était pas le sien. Mais ce qu'il avait annoncé n'était pourtant pas fait pour alléger sa peine, car Ishnudora ne vivait pas pour la vengeance ou la justice. Devait-elle aider sa nièce ou s'en détourner ?

Mais ce n'était pas tout ce dont le sort se contentait pour assaillir la petite voyageuse... Dès le lendemain, sa propre vie devait déjà être mise en danger par un événement tout autant inattendu, et sa confrontation avec l'apparition d'un personnage ressurgissant d'un passé mouvementé et douloureux. "Fille de la bonne fortune ? Ma mère a t-elle vraiment choisi le prénom qui me convient...
... oui... oui, c'est mon rôle. C'est à moi d'apporter la bonne fortune ! Je n'abandonnerai pas. Je ne vous abandonnerai jamais."

[La fin]

Loïciane ouvrit les yeux très tôt ce matin alors qu’Inannä dormait toujours à ses cotés. Elle se leva sans faire de bruits, rattacha ses dagues à sa ceinture puis descendit dans la grande salle commune. Celle ci était désespérément vide depuis que l’ordre avait quitter les lieux. Elle ralluma le feu dans la grande cheminée et pris appuis dos contre la lourde pierre du foyer.

Tout s’enchainait tellement vite en ce moment, elle n’avait plus le temps de prendre assez de recule sur les événements. Inannä qui lui avouait ses sentiments, la mort de Sioun, sa rencontre avec Onirion, le pacte qui les liait à présent et ce plan stupide de Dragozore pour lequel Inannä semblait penser que c’était la seule solution.

Elle repensait aux paroles d’Onirion « Il serait fier de toi ». Pour une fois…pour une fois qu’elle faisait ce que Sioun aurai attendu d’elle il était trop tard. Le choix s’était imposé de lui même, il n’y avait pas eu à réfléchir. C’était le dernier recours de Loïciane pour en même temps protéger les autres et tenter de faire comprendre à Inannä qu’elle devait accepter de vivre dans la vérité. Après sa discussion avec elle hier soir, Lois savait à présent qu’il lui restait très probablement peu de temps à vivre. Ce qui la surprenait c’était qu’elle avait toujours pensé que ce jour venu, cela serait pour Moordred. Avait’ elle changé à ce point ? Elle posa la main sur son ventre et libéra la graine d’ombre de sa prison pour le sentir une fois encore.

- Mon doux Prince, donnes moi la force

Puis elle se mit en route, un seul endroit s’imposait à elle pour cela.

Non loin de Ravenhold,


Lois et Onirion regardaient au loin le paysage. Plongée dans ses pensées, songeant à Moordred sans doutes, Lois n'insista pas. Onirion était trop proche à présent et savait trop de choses pour reculer.

Loiciane lui avoua le stupide plan de l'Orc. Quand il entendi cette stupide idée, Onirion éclata de rire. Il avait repris le coeur de Sioun coeur qui fut entièrement fusionné avec celui d'Inannä au puits de soleil et repartagé ensuite entre les deux êtres. Effacer leur mémoire aurait été inutile et les morts se seraient entassés. Catin ignoble songe Onirion, tu as plus de respect pour tes mensonges que pour tes amis, les gens que tu es censés protégés tu me fais vomir et je te jures que tes souffrances seront sans fin.


Quand Lois fini de lui avouer toute la conspiration d'Inannä et de Drago, elle se mit à genoux. Onirion la regarda avec le plus grand respect que l'on peut porter à quelqu'un. il lui dit dit qu'il admirait son attitude et que c'était un honneur de prendre sa tête, qu'elle avait gagné son respect. Loiciane sourit et ferma les yeux. L'épée fendit l'air, le contact à la fois glacial et sanglant de celle ci trancha net la tête de la voleuse qui roula au sol, laissant le sang s'écouler. La nature s'agita, les oiseaux autour s'envolèrent dans un élan de panique et le vent se leva doucement sur la scène. Comme Sioun, elle avait choisi pour le sacrifice du Naaru plutôt que de se complaire dans l'obscurité d'un sinistre mensonge.


Il recueilli le sang de Lois, emporta son corps et sa tête et prit soin d'enfermer son âme dans un endroit spécialement aménagé pour elle dans l'Urbis. Un peu plus tard dans la journée, il retira les yeux de Lois de leurs orbites et lui coupa la langue. Il introduit un cartouche contenant un message à l'intention de la Gardienne (voir IG) . Ensuite avec le sang recueilli, il se rendit à la taverne de Cabestan, força la porte et répandit le sang de Lois sur les murs sous formes de lettres.


Tes mensonges l'ont tuée !

Catin ton heure approche !

Catin ton jugement approche !

Catin ma prochaine cible est marquée et te fera encore plus mal !

Ton coeur et l'essence du She'ladrim !

Ne sous estime jamais l'étendue de ce que je sais !

Inannä la catin aux mensonges assassins !

Inannä la gardienne préférant garder ses mensonges que la vie de ses amis !

Inannä dont les trahisons se perpétuent. !

Un mensonge sera un mort !

Pendant ce temps dans l'Urbis


Sur un îlot désert flottant dans l'immensité de l'irréel que représente cet espace si particulier, la silhouette d'une Sin'dorëi se matérialise. Ses cheveux blonds, son doux regards affichait cependant un air serin, mûri par le choix qu'elle venait de faire. Elle regrade aux alentours et elle aperçu la silhouette familière de Sioun.

Le sourire sur son visage était un réel cadeau, elle se précipita vers lui et le pris dans ses bras, heureuse de le retrouver. Loiciane et Sioun étaient réunis dans l'Urbis des Daelündïr. Ils parlèrent d'Inannä, de leur raison commune à leur présence ici et Sioun regardait Lois avec fierté. Il était vraiment content de voir à quel point la sin'doreï avait pu mûrir depuis qu'il la connaissait et cela l'enchanta. Un seul regret, devoir attendre qu'ils soient tous les deux morts pour voir ceci. L'espace qui leur était alloué n'était pas énorme et ils devraient à présent le partager. Ici le temps ne signifie rien, on peut avoir l'impression d'y rester des millénaires ou quelques secondes à peine. Cela dépend grandement de la perception que l'on en a.


Ils riaient ensemble pourtant l'Urbis n'est pas un paradis, ils visitaient et regardaient au loin. Puis, au Loin ils virent passer un étrange visiteur. Sioun la reconnu tout de suite. Il s'agissait de sa mère; Arcia Whitewisper. Que faisait elle ici ? Onirion l'avait il tuée elle aussi ? Il voulu la rejoindre mais l'Urbis ne le laissa pas. Sioun avait déjà assez de soucis comme ça et la compagnie de Lois, les mots qu'ils s'échangèrent étaient assez d'un réconfort pour ne pas risquer de s'aventurer loin de cet îlot.


Après un temps infini, Sioun ressenti quelque chose, était ce un miracle ? Une perturbation ? Une manipulation ? Inannä était dans un état de tristesse infinie, souhaitant presque la mort. Là quelque chose en lui s'éveilla, la volonté de vivre sans doutes ? Son sacrifice il l'avait fait avec joie mais avec l'intention de ne pas revenir mais quand il senti son rayon de soleil et l'état dans lequel le Jugement impitoyable d'Onirion la plongeait l'envie de sortir le prit. Rassemblant le peu de forces qu'il lui restait encore, les puisant sans doutes dans son vrai coeur, celui composé de ses sentiments pour ceux qu'il aime, il réussi à entre-ouvrir une brèche dans l'Urbis et apparût sous forme d'esprit éthéré devant Inannä, Adaeria et Elysia ...

à suivre ...

Un jour plus tôt.

Le jour qui suivit sa seconde rencontre avec Onirion, Inannä, qui s'apprêtait à partir pour le Norfendre pour y retrouver Drago et lui annoncer sa décision finale, fit un court détour par Cabestan pour récupérer certaines de ses affaires et de ses robes. Elle s'arrêta net devant la taverne en constatant avec stupeur que les grands panneaux de bois qu'elle avait fait installés pour la fermer avaient été détruits, laissant une énorme brèche au milieu. Une odeur de mort semblait flotter dans l'air. Sur la boîte aux lettres avait été déposé un petit cartouche, semble-t-il, à son attention. Regardant autour d'elle, la prêtresse s'avança prudemment vers le petit coffret metallique, le soupesa de ses mains, avant se décider à l'ouvrir et là... ce qu'elle vit à l'intérieur lui fit pousser un cri de terreur et jeter le cartouche au sol. Des sueurs froides s'emparèrent d'elle et elle se mit à trembler, son coeur s'emballant dangereusement. Elle n'osait plus regarder la boîte... elle ne voyait plus que la brèche au milieu de la cloison de bois, craignant le pire, puis elle courut s'y faufiler. En pénétrant à l'intérieur, c'est en enfer qu'elle pénétra en réalité. La mort semblait s'être abattue sur elle le temps d'un battement de cils, et elle vivait à présent le pire cauchemar de toute son existence. Les murs du Soleil Eternel avaient été peints en rouge, rouge de sang, adressant de cruels messages à la prêtresse, l'accablant de toutes parts, tout autour d'elle... "Lois..." fut le seul mot qui s'échappa des lèvres d'Inannä, avant qu'elle ne s'effondre en larmes par terre. Les images des moments de bonheur passés avec elle défilèrent dans sa tête, puis la dernière soirée où elle lui avait soudainement annoncé sa crainte concernant le plan de Drago, et à présent la douleur... Après Sioun, voilà qu'elle perdait Lois, et c'était encore sa faute, elle s'en voulait et avait envie de mourir : "oui c'est moi qui l'ai tuée..., songea-t-elle ... je ne suis qu'un monstre... un monstre pire qu'Onirion... et c'est moi qui aurait dû mourir, pas eux...". Elle se mit à vomir, sans savoir si c'était à cause de l'odeur âcre et fétide qui régnait dans la salle, ou si c'était parce qu'elle se dégoûtait elle-même. Surement les deux.
Complétement anéantie, elle se releva, ôta sa robe de Grande Prêtresse, puis se mit à frotter les lettres sanglantes sur les murs avec. "Tes mensonges l'ont tuée". Elle frotta plus fort, mais le sang était presque sec. "Catin !", résonnait la voix du Daelündir. Elle prit un seau d'eau qui trainait là, et le renversa avec rage sur la paroi. "Ton jugement approche". Elle se remit à frotter avec frénésie, comme hystérique. Elle entendait le rire satisfait du chevalier de la mort, tandis qu'elle avait les doigts en sang et à vif à force d'astiquer, décollant par endroit l'enduit qui protégeait les murs en terre séchée. Quand elle eut enfin terminé, elle n'arrivait plus à bouger les doigts endoloris, mais plus grande encore était la souffrance qu'elle portait en elle. Elle trouva néanmoins encore un peu de force pour écrire un petit message à sa servante, tant bien que mal, pour lui dire qu'elle partait, qu'elle ne reviendrait peut-être pas, et qu'elle comptait sur elle pour remettre la taverne en état. Elle réenfila sa robe dont la teinte avait viré au bleu sombre à cause du sang, puis elle prit le premier zeppelin pour le Norfendre.

Arrivée au Fjord Hurlant, elle se mit en marche vers le camp taunka, les yeux dans le vague, vide de toute émotion. Elle se sentait comme une coquille vide, un être à qui on avait retiré le coeur et les entrailles. Et c'est à peine si elle remarqua le blizzard qui commençait à souffler sur la Clairière Gelée. Le vent glacial fut bientôt si fort qu'Ina ne sentit plus ses membres tétanisés, et finit par s'écrouler dans la neige, presque sans s'en rendre compte. "Je vais fermer les yeux... et peut-être alors que le cauchemar prendra fin, et que je me réveillerai, allongée sur le lit de ma chambre... se dit-elle, alors que les flocons de neige s'amusaient à lui couvrir le visage de fines caresses, ... ou dans la maison au bord du lac.". Elle sourit puis ses paupières se refermèrent sur ce souvenir.
Mais quand elle les rouvrit, quelques heures plus tard, elle ne se trouvait ni dans sa chambre à Cabestan, ni au bord du lac. Un feu crépitait à ses côtés et elle était recouverte par un lourd monceau de fourrures de brochepelle. Elle se sentait faible et le vide dans son coeur était toujours présent. Un tauren, ou plutôt un taunka se tenait à son chevet, la dévisageant de ses gros yeux rouges et noirs bienveillants. Ses yeux, c'était ce qui se voyait de mieux dans la pénombre de la hutte, son pelage étant d'un noir délavé uni.
"Te revoilà au Camp Sabot d'Hiver, petite elfe. Mais tu sembles être bien loin de celle que tu fus, lors de ta dernière visite." lui dit le puissant sage Edan.
"J'ai... j'ai causé la perte de ceux que j'aimais..." confessa la prêtresse, d'une voix d'agonie.
"Tu dois d'abord combattre le mal qui est en toi, si tu veux en préserver les personnes qui t'entourent", répondit calmement le taunka. Il observa un instant de silence, avant de reprendre :
"Quand tu seras en mesure de marcher, tu iras trouver le Sage Marche-Brume, près de la Porte d'Acier. Il fut le maître de mon maître, et il saura te guider vers les voies qui te permettront d'entrer en contact avec les profondeurs de ton âme".
Et c'est ce qu'elle fit le lendemain, sans savoir vraiment pourquoi ni si ça en valait encore la peine, à présent que le mal était fait. Mais elle n'avait aucune raison de ne pas le faire, n'ayant plus d'autre but à se fixer, elle qui avant débordait d'objectifs, même pour les autres.

Le Sage Marche-Brume l'accueillit avec la passivité la plus totale. Il était un vieux taunka blanc, à la longue crinière grisâtre, qui semblait avoir beaucoup vécu mais qui conservait une grande force intérieure. Inannä se confia à lui sans hésiter, lui racontant dans les moindres détails tout ce qui s'était passé pour finalement en arriver là. Le vieux sage l'écouta attentivement, émettant de temps à autre de brefs reniflements.
Quand elle eut fini son récit, toujours aussi vide de sentiments, le taunka se releva lentement et pointa de son gros bâton de plumes la direction du levant, se contentant de lui dire :
"Au sommet du Pic de Givrelame, tu liras en toi, et la vérité tu affronteras".
Ainsi, elle gravit le sommet au cours de deux longues heures de marches sur un sentier vertigineux tourmenté par des vents violents, et serpentant l'un des flancs de la montagne qui dominait toute la côte est du Norfendre. Enfin, elle apercut le sanctuaire : une stèle gravée avait été déposée là, telle un autel, et des énergies d'un bleu étrange s'en dégageaient. Un croissant de lune encerclé figurait au milieu de la stèle. Elle s'approcha doucement de l'autel, puis posa ses mains sur la pierre glaciale. Elle ferma alors les yeux, pour tenter de lire en elle comme l'aurait fait un Amanlündir.
Soudain il se produisit quelque chose. Elle se mit à transpirer, et des spasmes lui parcoururent le corps. Une violente nausée la prit, mais elle n'arrivait pas à vomir. Des nuées sombres et opaques lui couvrirent la peau, comme lorsqu'elle se servait des énergies négatives de son Coeur, sauf qu'au lieu de la protéger, ces ombres se retiraient d'elle et formaient un tout qui, petit à petit, commençait à prendre une forme humanoïde... Au bout de quelques secondes, se dressait devant elle une Elfe ombrageuse, en tous points identique à elle. "C'est moi..." se rendit-elle compte, ébahie.
Sa jumelle d'Ombre lui souriait, mais d'un sourire malsain, puis elle prit la parole, mais sa voix n'était pas la sienne, c'était la voix rude et caverneuse d'Onirion qui lui soufflait :
"Ton heure approche, catin". Puis elle se mit à rire.
Inannä sentit alors une violente fureur s'emparer d'elle, et elle fit appel à la seule énergie qui lui restait encore : celle de la Lumière. Elle puisa jusque dans ses ultimes forces, concentrant la Lumière puis l'utilisant de façon offensive afin de balayer les formes umbrales qui se dressaient devant elle et cherchaient à l'engloutir telles des larves affamées. Mais elles finirent par se disloquer et éclater en fumée devant la puissance déployée et bientôt, il ne resta plus aucune trace de sa "moitié". Ina pouvait à peine tenir debout, mais elle se sentait plus légère, purifiée du mal qui la rongeait depuis des années. Dommage qu'elle n'avait plus personne avec qui le partager. Elle observa sa robe ensanglantée et se rappela Lois. Elle finit par la retirer et la posa à plat sur l'autel bleuté, puis fouilla dans son sac pour en sortir sa robe de mariée, froissée, et l'habilla. "Voilà Sioun... je suis redevenue celle que tu as connu..." eût-elle envie de lui dire, mais il était mort, tout comme Lois, et rien ne disait que le Daelündir finirait par ramener Sioun. Après tout, il avait déjà demandé plus que ce que la Reine Alextrasza lui avait dit.
Elle s'avança, pieds nus dans la neige, jusqu'au bord du gouffre qui s'ouvrait devant elle, sur la face ouest de la montagne et se mit à penser à tous ceux qui avaient compté dans sa vie. Mais rien ne semblait vraiment la retenir, désormais.
"Mes parents adoptifs ne m'ont jamais voulu... l'âme de mon père est torturée par ma faute... ma vrai mère est partie... ma fille me déteste... et Haku, et Ishnu... je les ai déçu... Drago et tous les autres... j'ai causé des soucis à tous... et les deux personnes qui m'ont aimée vraiment... sont mortes à cause de moi... Pardon... je vous demande pardon, à tous... C'est moi, qui aurais dû mourir".
Et elle sauta.



La suite, prochainement...

Pendant ce temps...

Cela faisait plusieurs jours qu'Haku faisait d'incéssents aller-retour entre les plus grandes bibliothèques du monde connu et l'île de Fenris. Il était revenu dans l'ancien repaire des Dae Wung, tout était resté tel qu'il l'avait laissé à sa première visite, quand Sioun l'avait envoyé chercher des informations sur le journal de Shizan. Même les pièges qu'il avait rajouté pour protéger les lieux n'avaient pas été déclenchés, personne n'avait mit les pieds ici.
Il s'était installé dans la pièce annexe du repaire. Les sarcophages étaient toujours là, immuables preuves de l'ignominie des lieux. Les plus imposants et complexes appareils d'alchimie d'Haku étaient disséminés sur une grande table... Dans une espèce de bordel organisé, Haku faisait ses recherches.
Certains liquides entraient en ébulition alors que d'autres refroidissaient, un panel d'odeurs et de couleurs emplissait la pièce éclairée de deux simples lampes à huile et des feux qui faisaient réagir les composés chimiques.
Haku, la mine épouventable, une barbe de plusieurs jours lui mangeant le visage, cherchait frénétiquement dans les parchemins d'études sur les Daelündirs et les Amanlündirs la solution à sa quête. Nul endroit n'était plus riche en informations sur les Daelündirs que l'ancien repère des Dae Wung; parchemins, diagrammes, grimoires... Il avait tout épluché et tout recoupé avec ses connaissances personnelles et celles des différentes bibliothèques. Certains écrits étaient même d'un niveau trop élevé pour lui mais grâce aux apports annexes il avait pu les comprendre. Il écrivait, fiévreux, tantôt vérifiant un diagramme tantôt se reportant à une livre de Dalaran ou des Dae Wung... Il était proche, il le savait... La solution...
Il s'arrêta un instant... il vérifia le contenu de ce qu'il avait sous les yeux le plus calmement du monde, se leva et rejoignit la table d'expérience un papier à la main... Il leva une fiole bleutée devant ses yeux, à la lueur d'une flamme, vérifia une dernière fois son papier et sourit:
"Je te tiens enfin..."
Remerciant en son coeur son vieil ami Sioun pour lui avoir fait connaitre cet amas de connaissances il parti en quête d'Ishnudora, il devait voir son père...

Cette nuit fut particulière pour Hakutao. il s'endormit sur ses recherches et fut "réveillé" par la présence dans la pièce d'un halo de lumière intense. Un humain à la chevelure noire et aux traits à la fois durs et jeunes l'observait en silence. Une armure dorée arborant l'aigle de l'alliance sur son épaule, une exécutrice coeur de lion dans le dos ainsi qu'une paire d'aile de lumière. Instinctivement, Tao le reconnu. Il s'agissait de Theobald, le père de Sioun et Ishnudora. Etait il en train de rêver ? S'éveiller dans un rêve veut il dire que l'on trouve une piste ? Theobald était il là pour l'aider ? Il devait avoir senti le poids lourds de conséquences de pareilles recherches mais Theobald voulait aider. Il fit sortir de sa main de la poussière d'étoile qu'il jeta dans les airs faisant apparaître une sorte d'écran sur lequel des images apparurent. Elle défilent à une vitesse folle mais il pu reconnaître Sioun qui comme lui, état en train de se tuer au travail afin d'accomplir quelque chose bouleversant l'ordre des choses pour aider ses amis. Il le voyait aider Sertinä, y mettant tout son coeur et toute sa vie, puis similaire à une chute de domino, le monde de Sioun s'écrouler autour de lui jusqu'à ce qu'il en perde tout, sa femme, ses enfants, sa vie et ses amis.



- Les affaires du Drëlan'thyr regardent les Amanlündir et les Daelündir Hakutao, tes intentions sont nobles et pure mais si tu pousses tes recherches jusqu'au point de surpasser une connaissance dépassant elle même ce que les dragons ont renoncés à étudier d'avantage, tu t'exposes et exposes les tiens à des malheurs bien plus grand. Quelque soit ton choix et ta route Hakutao, ne bouleverse jamais l'équilibre sinon même certains de tes amis devront par la nature et la force des choses et par devoir se retourner contre toi. Si tu crées une chose qui n'existe pas, veille à créer en même temps son contraire et à laisser sa connaissance se répandre dans le monde même si ça n'est que par de petits fragments. Tu sais que le She'ladrim est ton ami et qu'il t'aime mais si tu venais à créer une abomination, il abattrait sur toi son jugement et déferait tout ce que tu as accompli afin de remettre la balance en place et ce aussi pure et louables puissent être tes intentions. Souviens toi qu'au delà du mal, existe le bien et qu'au delà du bien se trouve également le mal. Beaucoup de vérités auxquelles nous tenons, dépendant avant tout de notre propre point de vue. Ce que tu cherches à faire en fouillant ici a attiré le regard de l'Amanfëa car elle se sent menacée. Assures toi que l'équilibre soit maintenu sinon je ne pourrais rien pour toi. Si tu as besoin d'aide alchimiques pour compléter tes projets, retrouve Amanalär Alen'Delan, Sioun lui a transmit toutes ses recherches sur l'alchimie et les connaissances regroupée dans les trois tomes de Balnïr écrits par le She'ladrim peuvent te permettre d'accomplir ce que tu souhaite. Le choix t'appartient Hakutao mais mesure judicieusement chaque conséquences de tes actes, ou un sort pire que celui qui s'est abattu sur ta gardienne t'attend.



La dernière phrase de Theobald raisonna tel un écho se répétant de longues minutes. Hakutao sursauta et ouvrit les yeux. Il était toujours là, face à son travail mais quelque chose avait changé, la formule semblait altérée, plus complète mais pas encore achevée, un petit éclat de cristal or et noir déposé en plein milieu d'un cercle de transmutation tel un présent de son visiteur onirique.

Haku se saisit de l'étrange pierre, la regarda un instant à la lumière puis serra le poing dessus. Tellement de choses se bousculaient dans sa tête, il tremblait de frustration. Il était suffisament habitué à ces petits tours maintenant pour qu'il sache que cette vision était bien plus qu'un rêve...
Tournant comme un lion en cage il parlait à voix haute, comme à un interlocuteur invisible:

"Pourquoi?... Tout ce que je veux c'est m'assurer qu'une fois satisfait, ce monstre ne s'attaque plus à mes amis... La Création peut bien s'abattre en entier sur moi je m'en moque, mais les autres? S'ils s'en prenaient à eux? A Elle... Ishnu... Ce n'est pas possible... C'est... Injuste!"

Tremblant de rage il leva le visage au ciel et hurla:
"Et notre liberté?? Et MA liberté??? Vous en faites quoi bande de fumiers????
La punition d'Ina c'est aussi une question "d'équilibre"???"

Aussi vrai qu'Haku devait plier le Drëlan'thyr se forgeait un ennemi, un insignifiant cafard certainement mais un ennemi quand même...
Haku rassembla ses esprits, il avait beaucoup à faire et peu de temps pour ça!
"Amanalär Alen'Delan... les trois tomes de Balnir..."
Amanalär... Ce nom lui était totalement inconnu... Haku appela Pititaile son si petit et si rapide oiseau messager et lui fixa un message à la patte:

Amanalär Alen'Delan, qui? Où?

"Fais le tour de nos "connaissances" et ramène moi toutes les infos qu'il pourront donner mon beau!"
Sur ces paroles il relacha Pititaile qui s'envola aussi vite que l'éclair, connaissant très bien ses cibles.

Les tomes de Balnir... Si Sioun avait écrit ces livres Ina et Ishnu savaient peut-être quelque chose... Il faudra leur demander mais restons méthodiques... Avec un nom pareil... Haku se replongea dans les écrits des Dae Wung, peut-être que cet individu dépositaire du savoir de Sioun figurait dans ces textes...
Haku rangea la pierre dans une bourse, s'assit à sa table de recherche, refoula un début de migraine et se plongea à nouveau dans les livres...

Elle avait prit sa décision. Après de trop longues hésitations, elle savait ce qu'elle devait faire.
La servante d'Inannä lui avait dit où elle se cachait et même si c'était vague, c'était la seule piste qu'elle avait. Dans le Fjord Hurlant, au Nord. Alors c'est là qu'elle irait.
Trop de fois elle avait déçue Inannä, jamais elle n'avait su être là pour elle. Avant ces évènements, elle lui avait dit que cette fois, elle serait là, mais elle avait encore menti.

Mieux vaut tard que jamais... se dit Chrysis en descendant du zeppelin de l'Accostage de la Vengeance. Elle se mit en route pour le Bastion de la Garde de l'Ouest, chercher au hasard dans les pics glacés du Fjord aurait été vain, et elle le savait. Elle avait la chance d'avoir un contact dans l'Alliance, un ami de feue sa mère. Un contact qui connaissait bien la région, bien sûr.
Tant pour la sécurité de Lys que pour celle de son contact, le rendez-vous devait avoir lieu en un point proche du Bastion sans l'être trop pour autant.
Chrysis était à l'heure. Pas lui.
Ce n'est pourtant pas son genre murmura-t-elle en posant une main sur son arme, son regard parcourant les alentours rapidement, à l'affût du moindre danger.
Un sifflement au loin.
Elle le savait. Le retard de son ami n'était pas normal. Le temps d'éviter la flêche et de se retourner, elle aperçu un petit groupe d'humains en armure, puis d'autres qui surgissaient autour d'elle. Celui qui semblait être le chef s'avança et articula dans un thalassien grossier :
Nous n'aimons pas les traîtres...*un soupir ironique* Navré pour votre ami. Navré pour vous. Messsieurs...
Ils chargent.
Je t'ai déçue pour la dernière fois, Ina, j'en ai peur...

La chute sembla durer une éternité. Les images de sa vie défilèrent dans sa tête en même temps que défilait la dangereuse paroi rocheuse, qui menaçait de la percuter à chaque coup de vent latéral. Mais elle ne s'en souciait guère à présent que la mort allait apaiser ses tourments. Elle se revit alors jeune adolescente, courant à perdre haleine dans les forêts magiques des Chants Eternels, soignant les petits animaux blessés qu'elle trouvait. Elle se revit entrant au Temple de Haut-Soleil, puis jouant avec ses Soeurs sous le regard exaspéré de la Matrone. Puis elle se revit au milieu des ruines fumantes et morbides de Lune d'Argent, tentant d'apporter le peu d'aide dont elle était capable aux blessés. Elle revit Sertinä, son amie de toujours, sa partenaire, sa soeur. Puis Sioun, son Amour, son Coeur, son Ange Gardien. Elle se revit avec lui à Reflet de Lune, puis sur la plage de Ternesoir quand ils s'avouèrent leur amour mutuel, leur premier baiser, puis la première fois qu'ils firent l'amour. Elle se revit en robe de mariée, prononçant les termes sacrés de l'union. Elle se revit en Hyjal, tenant dans ses bras les deux merveilleux êtres qu'elle venait de mettre au monde. Elle revivait chaque instant de bonheur passé avec sa famille avec la même intensité. Puis à leur retour d'Hyjal, les images devinrent plus sombres. La tristesse de Melandrä, la vengeance de Sertinä, la peur. Elle revit le jour où elle crut perdre Sioun, qui n'avait plus de Coeur, devant la tombe d'Uther. Et ce fut au tour de son amie Sertinä, de se trouver agonisante devant elle. Puis Vereena, inanimée derrière son bouclier de Lumière... Vinrent les courts instants de bonheur retrouvé auprès de Lois, mais ils s'estompèrent aussitôt dans la brume funeste. Et toutes les autres images qui suivirent ne furent que succession de peines, de moments erratiques de sa vie, de morts, de sang... Elle eût envie de crier, mais ne réussit qu'à émettre qu'un faible gémissement plaintif. En bas, le sol se rapprochait à une allure folle, et elle n'en était plus très loin. Je vais fermer les yeux, et tout sera fini, songea-t-elle pour se rassurer. Ses paupières se refermèrent et elle se revit dans les bras de sa mère adoptive, qui la consolait quand elle était triste alors, puis le visage d'Elisara prit les traits de Mhaere et c'était elle qui était en larmes cette fois. Elle eût envie de la rassurer, mais n'y arrivait plus...
"Tu ne peux pas aider les autres si tu ne t'aides pas toi-même !" venait de lui souffler une voix sortie de nulle part, qui résonnait dans sa tête. Une voix féminine mais grave. Inannä rouvrit les yeux, mais elle était toujours vivante. Elle semblait flotter dans les airs, s'aprêtant à attérir en douceur sur la neige en contrebas, quelques mètres dessous elle. "Ressaisis-toi, prêtresse de la Lumière !"
A ces mots tonitruants, la prêtresse cessa de flotter et reprit sa chute derechef. Mais elle n'était déjà plus très haut, et écopa juste d'un violent choc aux fesses en tombant sur la roche enneigée. Quelqu'un venait de lui sauver la vie, mais elle ignorait de qui il pouvait bien s'agir. Cette voix, à la fois douce et puissante, une voix d'elfe aux résonnances étranges, elle ne l'avait jamais entendue auparavant... Qui peut bien vouloir me sauver, après tout ce que j'ai fais... elle s'interrogeait. Elle s'assit alors dans la neige, pieds nus et encore vêtue de sa robe de mariée, mais elle était trop perdue dans ses pensées pour s'en rendre compte vraiment.

Il fallut l'arrivée d'Elysia et d'Adaeria pour la sortir de sa torpeur. La danseuse du Soleil Eternel et la cousine de Lois étaient en quête de réponses suite à la disparition de celle-ci, et Pamila leur avait révélé l'endroit où s'était exilée Inannä, un peu à contrecoeur. C'est ainsi qu'elles avaient suivi les traces de la prêtresse pour arriver en bas du gouffre qui s'étendait sur l'ouest du Pic de Givrelame, grâce aux pouvoirs de protection de la paladin. Inannä fut un peu surprise de les trouver là toutes les deux, mais elle n'en montra rien, involontairement du moins, son visage et ses membres étant complétement gelés par le rude climat environnant pour exprimer quoi que ce soit. Elle se releva tant bien que mal et leur fit face. Elysia souhaitait savoir ce qu'il s'était passé pour que meurrent Sioun et Lois, et elle fut servie. D'une voix faible et enrouée, coupable, Ina lui raconta les circonstances au cours desquelles Sioun, mais surtout Lois, avaient trouvé la mort par sa faute. Adaeria à ses côtés semblait terriblement affectée, et elle savait pourquoi, elle savait tout, et cela ne faisait que renforcer son sentiment de culpabilité... Elysia quant à elle, si elle était triste, elle le dissimula à la perfection, car sa voix se montrait rude et sèche, et son visage sévère. La prêtresse poursuivait ses explications avec amertume et mélancolie, les larmes apportant toutefois plus de couleurs à sa face blême en y traçant de fins sillons roses.
Puis il apparut. Derrière Elysia et Adaeria, se dressait sa silhouette fantomatique. Celle de Sioun. Pendant un instant, elle crut qu'elle était en train d'halluciner, mais les deux autres se retournèrent aussitôt et purent le voir également. Ce n'est pas toi... Tu es mort... se dit-elle, mais il prit la parole et estompa alors ses doutes. Il était venu pour ça, d'ailleurs. Il avait senti sa détresse, au-delà des frontières qui le tenaient éloigné du monde des vivants, et réussi à apparaître devant elle. Il tenta de la rassurer, en lui disant que Lois et lui - ou plutôt leurs esprits - avaient été enfermés dans l'Urbis par Onirion, mais qu'ils y étaient bien traités. Cependant il ne put lui révéler quelles étaient les véritables intentions du Daelündir, les ignorant lui-même. Il parlait d'une voix douce et chaleureuse, bienveillante. Elle en ressentit un pincement au coeur. Elle aurait tant voulu le serrer dans ses bras, mais elle savait qu'il n'était qu'un fantôme éthéré, et que le pouvoir qu'il avait généré pour apparaître là allait bientôt s'épuiser... Il lui avoua enfin qu'il aimerait rester proche d'elle, qu'il lui ramènerait Loïciane parce que tout ce qui comptait pour lui était son bonheur à elle, même si cela ne devait plus être à ses côtés. Elle en fut bouleversée. Mon Ange gardien... Après tout ce que je t'ai fais... tu veux encore me protéger... pensa-t-elle, mais sans doute un peu trop fort car elle finit par lui dire de vive voix. Il lui souriait tendrement. Il voulait la rassurer et y était parvenu. Elle eut tout juste le temps de lui dire qu'elle ferait tout pour le faire revenir, qu'elle avait compris ses torts, qu'elle s'était débarassée de son Ombre définitivement, et qu'elle agirait uniquement dans la vérité désormais, puis de voir la forme éthérée de son mari disparaître de la même façon qu'elle était apparue, aussi lentement que silencieusement. Dans le même silence quasi religieux, les trois elfes finirent de descendre le col de la montagne, avec prudence.


[ édité ]

[ Avec un peu de retard, mais surtout du à un manque de temps et d’envie relative, je poste ici ce que, notamment, tout le monde doit savoir au sujet du départ de la Confrérie d’Elynaëll ]

[…]

Beaucoup de choses se sont déroulées en un temps si court… Même moi, je n’en reviens pas encore d’avoir vécue autant d’émotions, non décidemment je n’en suis pas encore remise, même pas maintenant, après tant de temps. J’ai pourtant essayé de tirer un trait sur tout cela, mais visiblement, c’est le genre de cicatrices qui ne se referment vraiment jamais. Difficile de dégager le pourquoi du comment, de déceler la véritable cause de tout cela. Maintenant beaucoup de choses se sont déroulées, loin de moi, alors que j’essayais de réfléchir, posément, calmement, sur ce qui me concernait moi. Le monde a tourné et quand je suis revenue, beaucoup de choses avaient changées, encore…

Cette manie qu’ont les choses, de se dérouler lorsque je ne suis pas en mesure d’agir directement… A commencer par la mort de mon Père. Il n’y a pas grand-chose à y redire, tout cela s’est passé, la page est tournée, et cette histoire est close, même avec Mère. J’ai parlé avec elle il y a quelques semaines, il est bien évident que je lui en voudrais toujours un peu, car il est bien difficile de vivre en ayant vu ses parents se déchirer ainsi… Mais j’encaisse, comme je l’ai toujours fait, stoïquement et en silence. Voilà ce que je suis, voilà ce que je fais, j’encaisse, les chocs, les coups durs, je prends tout sur moi, sans broncher. Peu le savent, certains s’en doutent, mais après tout, est-ce que cela compte ? La seule personne avec qui je n’ai pas parlé, et c’est peut-être ce qui m’empêche de ne plus y penser, c’est Loïciane. Je ne l’ai revue que brièvement lors d’un évènement impromptu, parce que j’avais senti son appel. Nous ne nous sommes pas parlé, et je ne suis même pas sûre qu’elle en ait envie elle-même. Quoiqu’il en soit, les choses feront peut-être que nous reviendrons là-dessus, pour l’instant, j’ai l’impression d’avoir perdue une amie très chère, espérons que ce ne soit qu’une impression.

Je me suis volontairement isolée, pour ne pas réagir comme je l’aurais fait, trop brutalement. Sans réflexion, il est évident que beaucoup de choses auraient volées en éclats. Je ne sais pas si c’est ce que je suis devenue qui m’a modérée, mais j’ai pris le temps d’apaiser ma fureur avant d’affronter tout cela, il en est peut-être mieux ainsi. Pourtant, quand je suis revenue, la Confrérie sonnait comme un étranger à mes oreilles, ou plutôt, je me sentais comme une étrangère vis-à-vis de toutes ces personnes, parmi lesquelles je ne connaissais que peu de personnes. Affaiblie physiquement, autant que spirituellement parlant, je n’avais pas le courage d’aller vers des gens, je n’avais pas l’envie d’endosser à nouveau les responsabilités qui m’avaient été confiées. Peut-être, également, que je ne me sentais pas le courage d’opérer aux côtés de ma Mère, pas de cette manière. Elle sait qu’elle peut compter sur moi, mais il est évident que nous avons toutes les deux à reconstruire ce lien qui s’est détérioré entre nous.

Je sais de toute façon que la Confrérie se débrouillera très bien sans moi, puisqu’elle a réussi à faire sans ma présence, aussi n’ais-je pas de regrets à quitter cette organisation. Pour ma part, je m’occuperais de veiller, comme un protecteur silencieux, un gardien vigilant, sur la menace qu’est le Fléau, et je m’assurerais de jouer le rôle qu’il m’a été confié. Tao, Loïs, je sais que vous épaulerez Mère avec détermination et hardiesse. Je compte sur vous pour la protéger et mener les objectifs de la Confrérie à leurs termes, je sais que vous en êtes plus que capables.

[…]

Voilà plusieurs jours se sont écoulés, voila longtemps que je n’ai pas revu Mère. Revenir pendant les horaires d’ouverture de la taverne serait une bonne idée… Mais je n’ai décidément pas une excellente mémoire et mes combats aux côtés de la Croisade d’Argent me prennent énormément de mon temps et de mon énergie. Je passe rarement en Azeroth, si ce n’est pour m’écrouler sur le lit de ma chambre, à l’étage de la taverne de Brill, où j’habite encore. Des évènements majeurs s’enchainent plus ou moins rapidement… D’abord Père… Qui redevient le Shel’Adrim d’une obscure manière, mais, au final, prévisible… Je ne le reconnais que peu lorsque l’ombre est maître de lui, mais il reste mon Père et mon cœur, lui, le sait. Plus récemment, j’ai revu Moo… Enfin, aperçu serait plus juste. Voilà longtemps que je n’avais pas eu de nouvelles et voilà qu’il réapparait soudainement ! Nous avons discuté quelques jours plus tard, apparemment il semble préoccupé, et cela me désole de ne pas pouvoir l’aider plus que cela…

[…]

Ce soir j’ai rencontré Tao. Je ne sais pas ce qu’il faisait à la taverne de Brill, m’enfin, ça m’a fait plaisir de le revoir. Ah…Tao… Un deuxième frère en quelque sorte… Nous avons discuté un peu, apparemment il va bien, Ishnudora aussi. Tant mieux. Ils ont le droit d’être heureux tout les deux, ils l’ont mérités…. Peut-être est-ce là la clef, doit-on mériter son bonheur ? Peut-être n’ais-je rien fais pour cela ? Cela expliquerait beaucoup de choses… Une chose m’a marquée néanmoins, c’est lorsqu’il m’a confiée que je manquais à ma Mère. Il est vrai que je pense souvent à elle, généralement avant de m’endormir. Ce qui m’étonne le plus, c’est d’avoir trouvé cette page de journal, où se trouvait justement une interview de Mère concernant la taverne du Soleil Eternel. Une drôle de coïncidence… Je tâcherai de trouver du temps pour ne pas passer trop tard à la taverne la prochaine fois. Même si Mère sait où elle peut déposer un courrier ou même me trouver, avec un peu de chance. Cela me donnera peut-être l’occasion de voir Loïs, et de voir ce qu’une telle rencontre produira… Après tout, qui sait ?

[ C’est une sorte de résumé condensé sur les évènements passés. Il n’y a pas tout, c’est évident. M’enfin, je pense avoir recoupé l’essentiel. ]