HRP : Bonjour ! Je pense que me présenter est superflu, la majorité d'entre-vous me connait, mais voici un petit texte, en passant !
Remarque : toute ressemblance avec des faits et des personnages IG n'est absolument pas fortuite !
Le calme et la fureur, l’immensité, la liberté, une terrible et dangereuse beauté.
L’océan avait toujours fasciné Zerteal. Cela faisait trois jours qu’il était debout à le regarder, son ami de toujours, son confident. Ironie du sort, on l’avait souvent comparé à lui, parfois pour son impétuosité, d’autres fois pour son penchant pour la liberté et la spontanéité, Erryah l’avait même comparé à l’océan alors que celui-ci l’effrayait. Mais il la fascinait aussi. Ardence l’avait surnommé « petite écume » dès leur première rencontre. Cette évocation fit naître un léger sourire au coin de ses lèvres, comme quelques fois au court des jours précédents.
Ses pensées partaient et revenaient au rythme du ressac de la baie de l’ancienne Ratchet.
Quand il était arrivé ici, il avait juste eu le temps de voir Inanna partir, visiblement profondément désespérée et bouleversée. Lorsqu’il était arrivé près de la taverne, l’odeur de la mort l’avait assailli. Cela sentait le sang, et la taverne avait visiblement été forcée. Il avait pénétré l’auberge, les murs avaient été nettoyés frénétiquement, mais on pouvait encore lire des morceaux de phrases horribles sur les murs abimés par le nettoyage trop intense. « Catin », « tuée », « mensonge », « mort »… Rien de bien réjouissant, et cela expliquait l’état d’Inanna. Il ne fallait pas être très malin pour comprendre que cela avait un rapport avec Sioun… Mais pourquoi « tuée » ? Il avait entendu un soir que Loïcianne avait disparue, il n’osa mettre en relation ses deux informations.
Malheureusement, deux jours plus tard, hier, une rencontre impromptue avec Konoe lui avait confirmé son intuition. Elle était dans une colère noire. Il l’aurait à peine reconnue s’il ne l’avait déjà vue dans cet état auparavant. Il avait tenté de la calmer, en jouant sur ses sentiments, mais il n’avait récolté qu’une agression de sa part. Il ne lui en voulait pas, il savait qu’elle reviendrait tôt ou tard et qu’elle s’excuserait. Mais elle paraissait déterminée à retrouver Inanna qu’elle rendait responsable de la disparition de Sioun et Loïcianne.
Zerteal se massa un peu la mâchoire, toujours un peu douloureuse suite au coup de Konoe la veille. Il avait parlé à Konoe de Lloth. Il savait que c’était un sujet sensible, et il pensait beaucoup à elle en ce moment. Elle avait changé sa vie. Elle l’avait purifié. Purifié des sentiments, des émotions, de leur néfastes influences. Les récents évènements lui avaient confirmés à quel point les émotions peuvent pourrir un être, et leur miner le cœur. Konoe et sa fureur irrationnelle, Sioun qui se suicide par amour.
L’amour et la haine, deux sentiments qu’on dit antagonistes, et pourtant si semblables. Si Lloth lui avait appris quelque chose, c’est bien que le manichéisme est une lubie inventée pour se rassurer, se dire que le bien est la lumière et le mal les ténèbres. La vie est plus simple ainsi. Et pourtant Lloth, une déesse démoniaque, le mal incarné, était l’entité qui l’avait le plus aidé. Jamais elle ne lui avait menti. Elle l’avait utilisé, mais il en était conscient et avait profité d’elle lui aussi. Tout était plus simple. Pas de sentiments, seulement un sens exacerbé pour les reconnaître, les faire naître, et en nourrir la déesse.
Retrouver cet imperméabilité aux sentiments, cette muraille que Lys avait finit par briser à force de pugnacité. Elle avait fait tomber ce mur, et avait ensuite poignardé son cœur qui venait de renaître. Puis Miseraelle avait soigné ce cœur meurtri. Il s’était laissé faire, il avait tenté d’y croire, tout en sachant comment cela finirait. Mal.
Il n’avait plus mal, d’ailleurs… Lui qui travaillait à remonter cette barrière sans Lloth semblait y parvenir. L’annonce de la mort de Loïcianne par Konoe l’avait certes peiné, mais il n’avait ressenti aucune douleur, preuve que le mur était déjà revenu. Cela dit, il devait être encore fragile.
Fragile. Il s’était senti presque fragile lorsqu’il avait rencontré cette étrange chevalier d’ébène. Elle parlait bizarrement, le confondant avec un oiseau. Mais elle semblait le connaître. Elle avait le même regard que Lloth. Ce regard avide, impatient, pénétrant, affamé. Il y avait aussi une certaine fascination, un respect étrange. Elle l’intriguait singulièrement, il avait terriblement envie de la revoir, il attendait ce moment avec impatience.
Le cobra que lui avait offert jadis Katz vint s’entortiller autour de sa jambe, remontant doucement le long de son corps. Il grimpa jusqu’à son cou, et Zerteal passa sa main sur le corps froid et lisse de son compagnon. Cette sensation lui rappela le corps chitineux plus sombre que la nuit de Lloth sous sa forme humanoïde, lors de leur première rencontre. Le contact froid lui réchauffa le cœur. Il s’allongea et sourit en fermant les yeux, le serpent venant se lover contre son ventre.
Zerteal s’endormit paisiblement, le visage caressé par le Soleil déclinant et la brise marine apaisante.