[BG] Enfant de la bonne fortune, ne vivra que...

Le soleil commençait à se coucher sur Baie du Butin, Hakutao venait d'entrer dans la petite ville pour y passer la nuit, la journée avait été bonne et il était d'humeur joyeuse face à ce temps merveilleusement ensoleillé. Soudain, tournant la tête vers le ponton il apperçut une silhouette familière, assise les pieds dans l'eau. S'il avait été content avant cette vision, on pouvait voir maintenant qu'il était bien plus heureux encore! Il se dirigea d'un pas enjoué vers la jeune femme pour la saluer mais s'arrêta net à moins d'une dizaine de pas. A cette distance il remarqua, en dehors du petit paquet qu'elle portait sur ses genoux, que la robe d'Ishnudora était déchirée en plusieurs endroits, laissant fortement deviner les courbes de la douce. S'empourprant jusqu'aux oreilles, Hakutao piétina un instant sur place ne sachant plus s'il était convenable de l'aborder ou non dans cette situation. Voulant éviter de mettre la jeune femme dans l'embarras il commença à tourner les talons pour rejoindre l'auberge...

(Ah tiens je ne savais pas, ça ^^ bon alors dans ce cas)
Ishnudora, ayant décidé de rentrer, se leva tranquillement. C'est alors que son regard se posa sur Hakutao qui s'éloignait. Elle su le reconnaître aisément (allez savoir comment) et, très étonnée de le voir, elle se dressa. Levant la main elle s'apprêtait à le héler quand, dans un hoquet, elle se retint, prenant conscience de l'état particulier de sa tenue.
Luttant contre la panique, elle tourna sur elle-même, cherchant une solution à ses pieds, dans ses affaires. Il lui semblait posséder une vieille robe de remplacement quelque part. En effet, la nouvelle robe lui été restée encore mystérieuse quant à la manière de s'en vêtir. Elle se jeta donc furieusement sur son sac, le saisit par le fond puis l'agita frénétiquement pendant que l'on eût presque pu entendre un semblant de grognement. En passant la main dans l'ancien contenu du sac, répandu sur le sol, elle trouva le vêtement, ôta sans autre forme de manière celui qu'elle portait, ce qui ne manqua pas de faire rire bêtement un tauren qui passait, et siffler un humain qui observait, puis se rhabilla avec une robe légère, pauvre mais propre cette fois *ôtant une feuille morte qui restait encore dessus*. Enfin, elle enfourna rapidement tout ce qu'elle put dans son sac, marquant cependant une courte pause, pensive, se demandant ce qui lui prenait, là, alors qu'elle ne s'était que rarement souciée de son apparence. Oubliant probablement deux ou trois babioles sur le quai, la jeune elfe jeta le sac sur son dos et se retourna vivement pour se mettre à courir, les jambe tremblantes, vers la direction qu'avait probablement dû prendre Hakutao, en espérant qu'il n'avait pas disparu.
"Hakutaoooo ! Votre mouchoiiiir !"
*mince, il doit être dans le sac, d'ailleurs...*

ishnudøra a écrit:

Assise sur un quai de Baie du Butin, les pieds nus dans l'eau et les vêtements à moitié arrachés par les dangers de son voyage,

(J'aurais mal interprété? )

Entendant son nom, Hakutao se retourna pour voir la jeune femme courir vers lui. Etonné de voir la nouvelle robe de la demoiselle il se demanda un instant si son imagination ne lui avait pas joué des tours. Il fut ramené à la réalité par le comportement étrange des personnes présentes, notament d'un humain qui semblait se moquer de la Belle. Une bouffée de rage monta au visage d'Hakutao et l'humain, croisant son regard, blémit brusquement et recula de deux trois pas, ce qui fut suffisant pour le faire tomber à l'eau, attirant les moqueries sur lui. Hakutao dut renoncer à son envie de lui faire passer le goût du pain, Ishnudora l'avait rejointe, haltante, et sa colère avait disparu laissant place à la joie de la revoir...

S'inclinant

"Doux soir ma Dame..."

(Tu n'as pas interprété, mais j'étais vraiment (ig) à Baie pour déballer ma robe sur le quai, mais je ne savais pas que tu y étais )

(héhé! On dira que mes "voyages" m'emmènent souvent dans ces coins là ^^" mais en bon fufu ca ne se voit pas toujours ^^ )

"Bonsoir mon ami ! Eh bien, je vous croyais à vos affaires. Je n'imaginais pas qu'elles se passaient par ici... Je ne me montrerai pas trop curieuse et vous laisserai le soin de.. eh bien... Je ne veux pas vous déranger. Voici toujours cette affaire là."
Ishnudora pose son sac à terre, puis après quelques secondes, en sort un carré de tissu blanc, soigneusement plié. Elle le tend alors à bout de bras à Hakutao en s'inclinant.
"Merci pour votre geste. Je vous en suis reconnaissante. A présent, je dois partir, car je me rend compte que le temps presse.
Venez me voir lorsque vous serez délié de vos obligations !"
Ne laissant aucunement le temps à l'elfe d'en placer une, elle fila aussitôt disparaitre en ville, après d'etre inclinée une dernière fois.

Hakutao saisit le mouchoir sans trop y faire attention, surpris par le soudain empressement de la jeune Elfe

"Ha? Bon... Ben... Merci!"

Mais la Belle était déjà loin... Il ne lui restait plus qu'une envie frustrée de la revoir au plus vite.

Sioun avait eu le loisir de pouvoir observer les réaction d'Hakutao quand ce dernier était proche de sa soeur.

"Il est en train de tomber amoureux"

Sioun en était persuadé et il commença à le taquiner avec cette histoire. Sa soeur a certe droit à sa vie et voir qui elle veut mais Sioun ne peut s'empêcher de songer à quel point cette race prétencieuse est devenue décadente. Le principe de fidélité n'existe plus ou presque pas. Et il ne voulait pas que sa petite soeur soit "une femme de plus" sur le tableau de chasse d'un joli coeur.

Il se mit donc en tête de les tester tous les deux

(Petites modifs, mouvements de posts)
"Enfant de la bonne fortune, ne vivra que dans les rêves d'autrui."
*A ces mots, un épais brouillard se lève dans la forêt. Ishnudora tombe au sol, froide et inanimée.*
Y - Te revoilà donc, mademoiselle Ishnudora. Moi qui pensais ne plus jamais te revoir ici...
Ishnudora, s'inclinant bien bas - Je vous prie de bien vouloir me pardonner, votre grâce. Mais j'ai encore une prière à vous adresser.
Y - N'abuse pas de ma confiance. Tu as jadis su me persuader de t'aider, malgré votre nature, à votre frère et toi... Qu'est-ce qui te pousse à prendre à nouveau le risque de venir ici ?
Ishnudora - Quelque chose qui peut hélas vous concerner également, votre majesté. Il semble que nous soyons pris dans des échos de Shizan...
Y - Encore elle ? Même morte, elle continue à nous contrarier... Ah ! Pourquoi ne suis-je pas surprise ? ... De quoi s'agit-elle cette fois ?
Ishnudora - Permettez-moi de ne pas vous embêter avec les détails, votre grandeur. Laissez-moi me servir du talisman...
Y - Par les Titans ! Qu'as-tu donc en tête mon enfant ?
Ishnudora - Vous savez comme moi ce que mon frère est devenu. Vous savez également ses désirs passés et ses anciens projets... il s'est lui-même attribué une destinée.
Y - Nous en avions vaguement parlé.
Ishnudora - J'avais renié ma famille pour ses idées, ses désirs et ses natures... mais il est mon frère ! Je ne vis que pour être sa sœur.
Y - Je comprends ce que tu veux faire. Je refuse de te céder le talisman, il est trop tôt. Peut-être te l'offrirai-je à l'avenir. Il te faudra me donner dix noms.
Ishnudora - ... Je comprends...
Y - Pars, à présent.

Le brouillard se leva lentement. Ishnudora sentait son corps engourdi la faire souffrir, transpercé par un millier d'aiguilles. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, ce fut pour sursauter malgré le froid, et pousser un bref cri de surprise, pour ne pas dire de frayeur, en découvrant en gros plan les visages d'un nain et d'une vache, tous les deux penchés sur elle les yeux grands ouverts.
Le visage du nain s'illumina d'un sourire.
"Elle est vivante, Kuun'th ! La voila qui se reveille !"
Ishnudora clignait des yeux, scrutant tout à tour le facial roux poilu, rustre et creusé du nain, puis la tronche impassible d'une vache ruminante qui a priori portait le nom ridicule de Kuun'th ?? Jusqu'à ce qu'une voix plus lointaine se fit entendre.
"Gwand bien que ça me fasse, vieux débwis ! Laisse-la, alows, et countinouons notwe woute."
Le nain : "Pardonnez-le, jeune fille. Il se méfie de tout ce qui ressemble à un elfe."
Puis il éclata de rire grassement.
Ishnudora pris peu à peu conscience qu'elle était enveloppée dans une couverture.
Le nain avait toute la panoplie du vieux chasseur en vadrouille. sa veste disposait d'un attirail de poches en tous genres emplis d'accessoires divers autant pour la chasse que la pêche. D'ailleurs un vieux tromblon éclaté et une canne rafistolée dépassaient de son dos. La vision la fit presque sourire.
Le nain agenouillé se releva. "Je suis Helmart, ou Pousse-tabouret pour mes compagnons de taverne !" Il éclata à nouveau d'un rire tonitruant dont Ishnudora ressentait les vibrations jusque dans ses poumons. Puis s'écartant et désignant derrière lui un troll habillé d'une simple toge grise, appuyé contre un arbre et les bras croisés. "Ce machin verdâtre que tu as la malchance de voir là-bas c'est Kuun'th." Et le troll : "Vieux débwis... regawde son air ahuwi. je pawie qu'elle n'a wien compwis à ce que tu viens de lui waconter."
Le nain : "C'est toi l'aruhi ! Le ... pfff ! Alleeez reste pas planté à brasser de l'air ! On va s'installer ici et partager notre repas avec elle." Le troll fut soudainement pris d'une violente toux, puis d'une voix encore étranglée : "C'est ça ! En attendant que ses pawents ou ses compagnons nous tombent dessus et nous twouent la peau !"
Le nain se figea, puis se tourna vers l'elfe, haussant les sourcils.
"Je me nomme Ishnudora, et personne ne me cherche. Vous pouvez être tranquilles."
Le troll s'approcha.
Ishnudora continua : " Je vous remercie infiniment pour votre gentillesse, mais je ne m'attendais pas à croiser quelqu'un par ici."
"C'est plutôt nous qui t'avons cwoisée, jeune Ishnudowa. Mais contwaiwement à mon ami nain, je ne suis pas dupe et ne m'inquiétais pas pouw toi." Il désigna d'un geste de la main les dernières brumes qui se levaient.
Le nain au troll : "C'est quoi ton délire, sac d'os ? T'es mou du crâne ? T'as piqué dans ma réserve, espèce de filou ?"
Le troll leva le menton en direction de l'elfe. "Ta jeune fille en détwesse est une sowcièwe".
Ishnudora blêmit.
Le nain : "Attends attends attends. Bon, toi, deux questions. Un : C'est vrai ou pas ? Deux : si c'est vrai, c'est quoi ton bazar ? Nous on aime pas la mauvaise magie, tu vois..."
Ishnudora voulu rétorquer mais elle ne pouvait plus. La contradiction qui la caractérisait à présent n'était pas faite pour l'aider à exprimer la noblesse de ses intentions malgré son art de la destruction. Elle ouvrit la bouche pour parler mais rien ne pu sortir, car elle ne savait pas quoi dire. Alors elle ne pu parler, et cette situation réveilla un souvenir, exhumé de son passé, de son enfance. Pourquoi ne pouvait-elle pas parler ? Pourquoi est-ce si dur d'être différent, de ne pas être comprise ?
Puis des larmes s'échappèrent, et Ishnudora sécouait la tête de droite à gauche, ne sachant toujours pas quoi dire. "Je... non, je... "
Les deux compères échangèrent un regard abstrait.
A ce moment précis, le nain bondit en l'air en hurlant, faisant tomber le troll en arrière de surprise.
"Aaaaargh ! Aie aie aie aie mais c'est quoi ça aie aie !" Helmart courait dans tous les sens en criant, essayant de taper de la main dans son dos, sur ses bras, sur ses jambes, pendant que Kuun'th se relevait, le poil hérissé et la main dans sa besace.
"Mère ! Mère !" criait Ishnudora.
Puis un cafard sorti par la manche du nain, tomba dans l'herbe et courra vers Ishnudora. Helmart saisi vivement son tromblon chargé, visa approximativement puis se laissa emporter par le recul de son arme qui fit voler un nuage de poussière, de terre et de brin d'herbe dans un boucan assourdissant.
Kuun'th : "Manqué..."
Helmart : "Ta gu..."
Ishnudora, lui coupant la parole : "Etes-vous fou ? Elle voulait juste me défendre ! Il suffit de lui expliquer !"
Les deux compères échangèrent un regard, cette fois moins abstrait qu'entendu sur la folie manifeste de leur trouvaille.

Helmart, l'arrière-train planté dans la terre comme un navet, lança à son compagnon :
"Encore de la sorcellerie ?"
"Peut-êtwe."
Après avoir murmuré quelque chose à sa bestiole, Ishnudora observa tour-à-tour les deux compères restés relativement bouche bée.
"Mais qui êtes-vous ? Je veux dire... vous n'êtes pas... Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un comme vous décide de prendre soin de quelqu'un comme moi..."
Kuun'th l'nterrompit. "Pousse-tabouwet et moi sommes des espwits libwes. Nous avons eu notwe compte de combats stupides. Et de dwames. Nous nous sommes justes wendus compte que nous awivons mieux à vivwe en s'entwaidant qu'en se massacwant. Mais cela fait de nous des mawginaux, et nous hewwons en Azewoth, voyageons pour vivwe. Mais je doute que vous pouissiez compwendwe. Les gens d'vot' wace sont des plus extwemistes, bien souvent. Bien que votwe aisance à pawler et compwendwe la langue des houmains avec le vieux débwis est bon signe d'vot' ouvewtuwe d'espwit."
Suite à ces mots, Helmart, qui venait de se redresser sur ses jambes, semble bloquer, le regard vague et la bouche entrouverte laissant fuir un fugitif filet de bave. Puis il tombe en arrière, droit comme un i. Le troll se précipite. "Bon sang ! Je n'aurai pas dû pawler autant. Il a essayé de suivwe et de compwendwe."
Ishnudora ne bronche pas, perplexe.

Assis sur une souche le nain se massait le crâne, puis jeta un oeil à Ishnudora, puis à Kuun'th pour finalement lui lancer une phrase dans un dialecte encore différent. Ishnudora parue toute surprise, et cela tira du nain un sourire de satisfaction.
"Mais... cette langue n'est plus parlée par les nains aujourd'hui, pourtant !" Lança Ishnudora. Helmart troqua instantanément sa mine réjouie contre l'expression de la déconfiture et de l'échec. Kuun'th tenta de lui expliquer : "C'est peut-etwe pas un intellectouel, mais il lui weste ce qu'il a appwis étant jeune..."
"... Qui êtes-vous ?"
Helmart : "En voila une bonne question ! Est-ce qu'on sait nous ? P't-etre bien ! Mais ce que je m'demande moi, jeune fille, c'est ce que tu fais par ici et quelle misère tu prépares derrière le dos de tout le monde."
Ishnu : "Aucune misère ! Je fais ce que je peux pour me rendre utile à mon frère, c'est tout ! Rien d'autre ne m'interresse !"
Helmart : "Allons bon encore une histoire de famille. C'est pas bon tout ça, non. C'est pas bon. Ca se termine toujours mal ce genre d'histoire..."
Kuun'th fronça les sourcils. "Qui est ce fwèwe ?"
Ishnu "Je suis la soeur de Sioun... Nicious".
Kuun'th se tenant les côtes libéra un rire bruyant et montra toutes ses dent, pendant que le nain leva les yeux et les bras au ciel comme pour implorer le pardon de la divinité qui lui infligait tant de douleur et de désespoir.
Kuun'th reprit : "J'ai entendu pawler de lui. Il existe de nombweuses wumeuws à son sujet. Il m'a l'aiw animé de twès nobles intentions. Le genwe d'intentions qu'Helmawt et moi avons abondonné il y a quelques temps à vwai diwe. Et paw dédouction, tu es celle que l'on appelle la sowcièwe, ou la folle. Une bien moins bonne wéputation que celle de ton fwèwe, mais nettement plus intewwessante de notwe point de vue. On waconte que vous n'auwiez pas de pawent."
Helmart s'était levé et commencé à déballer quelques affaires. Puis disparu un moment en forêt pour revenir peu après avec des brindilles de bois et quelques rondins.
"Mon frère et moi avons des parents que nous aimons, car il fut un temps ou nous avions nos véritables corps. Les seules choses qui nous rattache à eux, ici, ce sont nos âmes et nos souvenirs. Et notre amour pour eux."
Kuun'th ne cachait pas son vif interêt pour cette histoire, et il s'installa confortablement, pendant qu'Helmart, constatant que le jour faiblissait avec la température, se chargeait du feu. Ishnudora continuait.
"Nous sommes nés sur les côtes désertes de Brume-Azur, au nord du Val Ammen. Notre mère s'y étais réfugiée, car c'était l'endroit le plus tranquille et le plus désert qu'elle connaissait. Pourquoi loin de tout ? Elle craignait pour sa sécurité, mais pour la nôtre avant tout. Mère à passé une partie de sa vie en tant que fugitive. Mais son histoire, aussi tragique qu'elle puisse être, avait fait d'elle un des êtres les plus libres et les plus uniques qu'il soit. Père, emprunt de bonté, d'amour et de courage, était venu l'aider le soir de l'accouchement. Il pleuvait doucement, mais des éclairs déchiraient le ciel.
Mon frère est sorti le premier. Ils savaient déjà nos prénoms, car nos consciences s'étaient éveillées bien avant notre naissance, et avaient grandi dans les souvenirs et les rêves de nos parents. Grâce à cela, nous en avons gardé une partie et y sommes fortement liés.
Mon frère était l'incarnation de la fureur, du combat et de la vengeance. C'est ainsi que je me le suis toujours représenté. J'étais la guérisseuse, la vie, la nature et la paix. Des jumeaux opposés par des natures pour une fois différentes du bien et du mal, ou de l'ombre et la lumière.
Ces différences nous rapprochaient, car nous avions besoin l'un de l'autre.
Puis nous avons grandi rapidement, cachés par nos parents, avant de nous mêler par nous-même au reste de la population du monde. Laquelle population nous paraissait, du fait de nos particularités, bien inférieure à nous. Et cela se vérifiait souvent.
Par la force des chose, et la... situation de nos parents, nous nous sommes retrouvés entraînés dans les mouvements de l'Alliance, sans grande conviction il me semble. Excédée par la bêtise et le bruit des villes, je passais mon temps dans la nature, à la recherche de tous les lieux propices aux discussions avec la mère Nature. J'aimais visiter les anciens temples des druides. Leurs sanctuaires impregnés de magie, de vie de rêves et de mystères. J'y ai passé beaucoup de temps, jusqu'à m'en imprégner également.
Bien sûr, cela me faisait passer beaucoup de temps loin de ma famille. Mais près d'un de ces sanctuaires, je fis une rencontre qui allait à jamais bouleverser ma vie. Au bord d'un lac, un lion s'abreuvait. Un félin noir. Un animal ? J'étais persuadée que non. Il en avait le comportement, mais quelque chose me disait que je devais le reconnaitre. Il fallait que je découvre qui il était.
Je su adopter une forme similaire à la sienne, et pu ainsi m'approcher de lui, et il m'accepta. Je pu découvrir qu'il était en fait bien un vieux druide Kal'dorei, mais il devait avoir oublié sa vie d'elfe. Il m'accepta donc dans sa vie sauvage, et j'avais décidé de ne me montrer que sous la même forme. J'ai pu passer quelques années ainsi, découvrant l'immensité de son savoir et de son expérience, bien que "réduit" à l'état sauvage. C'est cette connaissance qui me laissait penser que son âge était considérable.
Au bout de quelques années, je décidai d'en savoir davantage, et commençai à poser quelques discrètes questions autour de moi. Ou bien je sollicitais ce vieux lion que j'appelais "grand-père", mais son identité restait mystérieuse. Il me semblait pourtant que quelque chose m'échappait.
En effet, j'ai finalement pu découvrir son nom. Cette nouvelle donnée tira douloureusement de mon esprit un souvenir enfoui provenant de ma mère. Cet elfe, ce druide, Asramil, était son mari."
Kuun'th qui était resté immobile et silencieux, se tenait le menton et songea. "Aswamil... ce nom ne me dit wien..."
Helmart, qui n'écoutait que d'une oreille, avait réussi à allumer le feu et avait installé tout le nécessaire à cuisine, c'est à dire une petite marmite et une cuillère en bois. Et quelques gamelles.
"Continouez, jeune fille. Pendant ce temps, Pousse-tabouwet va nous pwépawer une de ses spécialités culinaiwes" Le ton fleurait bon l'ironie, et Helmart se contenant de rétorquer un "pfeuh" et de hausser les épaules, avant de retourner à sa cuisine.
Ishnudora le regard dans le vague de ses souvenirs, s'était emmitouflée dans la couverture et traçais au hasard sur le sol avec une brindille à moitié consummée.

"Je n'ai pas tous les souvenirs de ma mère. Déjà, lorsque mes parents nous ont conçu mon frère et moi, elle était intrinsèquement différente de celle qu'Asramil avait connu. Et je vous parle là de son histoire à elle. En réalité, ma mère ressemblait beaucoup, dans sa jeunesse, à la femme de mon frère. Vous avez sans aucun doute également entendu parler d'elle."
"Exact !" Lança Helmart, d'un peu plus loin. "Un guérisseuse hors pair à ce qu'on dit ! Et des plus bienveillantes qui soit. Une grande dame, ouais. Respectueuse, respectable, tout ça... et presque aussi jolie qu'une naine, aussi !"
Ishnudora rit doucement, et Helmart se râcla la gorge, s'en voulant d'avoir fait rire une elfe, avec qui il rechignait à se lier d'amitié. "Elle était encore jeune quand sa vie fut ponctuée par différents événements qui l'ont menée jusqu'à son existence aujourd'hui. Sans parler de ce qu'elle ignorait jusqu'à il y a peu. Je pense que ce sont toutes ces choses que le druide cherchais à oublier, à fuir, loin de la conscience de ces choses qui le faisaient souffrir.
Mais son instinct le fit adopter un comportement paternel et protecteur envers moi. Et pendant des années je restais souvent loin de ma famille pour passer mon temps avec lui.
Tout ça pour vous expliquer que je commençais déjà à m'éloigner de ma famille, pendant que mon frère avait changé et passait son temps à étudier l'histoire auprès des Clairvoyants. Mon père, un incorruptible chevalier de lumière, n'ayant été corrompu que par ma mère dirons-nous, devenait pour moi de plus en plus mystérieux. Et pour tout le monde je crois, finalement. Ses desseins ne se révélaient que par leur obscurantisme. Et je détestais ça. Ma mère et lui représentaient l'Amour inconditionnel envers et contre tout, avec tout ce que ça implique de dramatique et de cruel. J'ai donc fuit ma famille. En réalité, les choses ne sont pas si simples et si brèves, mais c'est pour vous expliquer pourquoi, après avoir retrouvé mon frère, j'y tiens plus qu'à tout en ce monde."
"Et vos pawents ? Vous ne les avez pas wetwouvés ?" Intervint Kuun'th.

"Mes parents ? Oui et non... Vous ne sauriez encore comprendre, tout comme vous ne cherchez pas à comprendre non plus..."
"... ce dont vous voulez pawler quand vous pawlez de votwe enfance 'ailleuws'. En effet je sais twès bien que l'ont ne peut se l'imaginer sans l'avoiw vécu. Et puis ne pas en pawler sauvegawde la bonne santé et l'intégwité mentale de mon vieil ami."
Une cuillère en bois manqua de peu la tête du troll et alla s'échouer un peu plus loin dans la pénombre. Ishnudora rit, puis Kuun'th reprit. "Je n'ai cependant pas twop de mal à admettwe que vous nous wacontez cewtainement la véwité, caw votwe compowtement est bien difféwent de la plupawt de vos semblables, sans pawler de votwe auwa magique."
"P't-etre bien une ruse de filou, va savoir..." grommela Helmart en guettant autour de lui en plissant les yeux, la tête baissée comme un félin prêt à bondir.
Sans relever la remarque du nain, Ishnudora attrape non loin d'elle une gamelle au contenu encore fumant et le porte avec curiosité sous son nez.
"A vrai dire c'est mon..." la jeune elfe réprime un éternuement et éloigne la gamelle. "... c'est mon frère qui semble avoir repris à son compte une partie des projets de père. Il l'a toujours voulu, quelque part, même si fondamentalement il le fera pour des raisons assez différentes, et surtout plus personnelles. Enfin quoique... Bref. A l'instar de notre naissance, mon frère est arrivé avant moi. En revanche, j'étais plus travailleuse que lui, à l'époque..."
Ishnudora resta silencieuse quelques secondes, pensive, ailleurs. "Finalement... mon frère et moi n'avons pas vraiment de semblables. Je... je ne vous dis pas exactement toute la vérité, entre autres au sujet de mes parents. Il y a certains détails qui sont trop complexes pour être abordés, et d'autres qui selon moi doivent rester au fond de leurs ténèbres du secret."
Le troll fit un large mouvement de bras exprimant son impuissance et l'acceptation de ce qu'il considérerait comme un fait. Puis voyant que les pauses d'Ishnudora se faisaient de plus en plus longues, il lui proposa d'aller dormir, car elle semblait épuisée.
Ils s'intallèrent, certains sous une toile tendue, d'autres contre un tronc. Puis après une dernière ronde d'Helmart dans les alentours, ils s'endormirent.

Le druide fait désormais partie du passé, mais il a laissé ses marques sur moi, et sur mère.
C'est lui qui l'a sauvée. Mais tout ceci est encore une autre bien longue histoire. Peut-être un jour Sioun rencontrera t-il notre demi-soeur.
(Hors série) Ishnudora s'était éveillée au beau milieu de la nuit, et songeait, en regardant le ciel étoilé.
Père avait dit que deux étoiles filantes avaient annoncé notre arrivée, à mon frère et moi, la nuit de notre conception. A travers les souvenirs de mère, je me souviens de la violence et de la passion qui les animaient alors. Les traces doivent encore y être, des années après. Tout cela a t-il un sens ? Mes parents et mon frère ont un but. Quel est mon rôle ? A propos... Ysera n'aura probablement jamais ses noms, et je n'aurai jamais besoin de son... talisman. Sioun... c'était juste un peu trop tôt. Mais... Ah ! Je ne lui ai demandé qu'hier, mais cela fait déjà plusieurs semaines. Les voies du Rêve sont tellement étranges... je comprends que père et mère n'aient su en sortir indemnes.
Je dois m'occuper de refermer soigneusement toutes les brèches que j'ai causées. Rien ne serait plus dramatique que ces fichus reptiles s'en servent. Ysera serait plus que furieuse. Voici peut-être ce qui devait être mon rôle, après tout. Mais je ne suis plus capable de le remplir.
Quant à l'Ordre, même si je suis entièrement d'accord avec ses principes et ses idéaux, en tout cas à son échelle patriotique, je comprends que mon frère ne puisse pas s'en satisfaire. Pour la plus simple raison qu'il est mon frère et que nous ne pouvons nous arrêter à ces seules considérations. En revanche, Hakutao est concerné. Ou bien il finira par regarder ailleurs, ou bien ce genre de chose sera à jamais un gouffre entre nous. Ou bien... je tire un trait sur mon passé, une fois de plus, mais cette fois, pour quelqu'un. Pour lui. N'exister qu'à travers lui, à travers le rêve qu'il traîne après lui et que j'ai éveillé malgré moi lorsque je l'ai croisé. J'ai la clé de son bonheur ou de son malheur, mais je suis sur le point de lui offrir la clé des miens.
Ishnudora s'était doucement levée, pensive, et marchait lentement dans la nuit, emmitouflée dans sa couverture. Puis elle leva la tête pour regarder autour d'elle. Il n'y avait pas de campement. Pas de nain ni de troll. Pas de feu. Juste sa toile tendue, sa converture et son lit de racines.
Oh non, mon ami. Je n'ai rien d'une déesse. Ni d'un démon. Je ne suis qu'un ishnu'dorei. Une voyageuse sans peuple ni parti, qui choisit ses propres manières de voyager. Les ishnu'dorei naissent de parents soit rejetés, chassés, soit reclus, solitaires ou ayant d'autres buts et d'autres rêves... Ishnudora soupire ...des parents qui n'ont plus eux-même ni peuple ni parti. Toi et ta belle donnerez peut-être naissance à un ishnu'dorei. Ou peut-etre pas. Voire l'inverse. Qui sait ?
Qui sait si mon frère n'aurait pas vécu heureux jusqu'à la fin de ses jours, en servant les Sin'dorei, si je n'étais pas réapparue près de lui ? Qui sait s'il n'aurait jamais pu apercevoir la route qu'il emprunte, aurait-il vécu dans un sentiment d'inaccomplissement jusqu'à sa mort ?
Oh non, mon ami. Je n'ai rien d'une tisseuse non plus. Trop de doutes m'embrument. Trop d'incertitudes. Aujourd'hui, ma seule certitude, c'est Hakutao. Peu importe ce qui finira par nous séparer, je ne vivrai pas dans le regret de ne pas avoir vécu heureuse au moins une partie de ma vie.