[Historique] Enfant de la bonne fortune...

Prénom : Ishnudora
Nom : Le même que Sioun
Age : Au départ, le même que Sioun. Mais plus maintenant.
Cheveux : noirs, longs, en queue de cheval.
Yeux : brillants faiblement dorés (discret)
Aspect : Fine, de taille moyenne. Ses mouvements sont parfois hésitants ou maladroits. Le teint pâlot, le visage harmonieux légèrement juvénile, tout comme sa voix jeune mais posée, assez sensuelle et douce (sauf quand elle fait ses crises de "petite fille capricieuse"). Ses tenues ne sont plus toujours des haillons, modestes mais élégants.
Personnalité en apparence instable et lunatique.
Situation : Fiancée, intégrée dans l'Ordre en tant qu'aspirante (pour elle, c'est encore une invitation d'honneur avant tout). Son frère n'est plus sa motivation pour y rester.
Résidence : loge parfois à l'auberge de Brill. Sinon on-ne-sait-où dans la nature.
Réputation populaire : Peu développée. Nouvelle venue qui semble asociale, marginale. Une engeance de sorcière de campagne, ou autre matière à combustible ou à coup de pied. Bref, ce n'est pas brillant. Ou alors, soeur prétendue de Sioun, causant encore quelques méfiances à cause de ce fait.
Discipline actuelle : démoniste de la destruction.
Ancienne discipline connue, soupçonnées : Chasse, druidisme.
Languages : Orc, Thalassien, Darnassien, (autres).

Depuis son arrivée, l'elfe est restée le plus souvent à l'écart des activités de son entourage, s'en désintéressant manifestement.
Elle est devenue cependant moins maladroite, et s'est rapprochée de quelques personnes à qui elle semble faire désormais confiance.
N'a parlé volontiers que de son frère.

(Quant aux passages et discussions déroulées en jeu, inutile de les reporter ici pour l'instant. Les participants sont déjà au courant, et les autres n'ont pas à être mis au jus ^^
Bref pourquoi j'ai fait un historique en fait xD)

Ajout
Ishnudora a tenté autant qu'elle en était capable d'honorer la promesse qu'elle s'était faite, d'assurer le rôle qu'elle pensait devoir tenir dans sa famille, et du moins auprès de son frère. Mais sa faiblesse la tenait souvent à l'écart des affaires de son frère, sans parler du fait qu'elle répugnait à se mêler à la population, contrairement à Sioun qui lui s'impliquait directement dans les affaires politiques. Sans pour autant renoncer, elle fini par admettre qu'elle devrait probablement s'adapter afin de mieux correspondre à sa nouvelle identité.
De plus, elle fit une rencontre, et était loin de l'avoir prévue. L'Amour vint la frapper en plein coeur, et bien que cela l'effrayait, se laissa convaincre par un elfe qu'elle trouvait différent, de se plaire dans la passion sincère qui naissait entre eux. La confiance, dans ce genre de situation, était une chose primordiale, mais injuste. Comment faire confiance à un être qui ignore tellement de choses qui pourraient renverser la situation ? Comment faire confiance à un être ancré dans la culture sin'dorei ? En réalité, ce n'est pas qu'une question de confiance ou de sincérité, mais une question de survie. Sa mère le savait, et tentait de s'interposer pour la préserver : Ishnudora était-elle capable d'encaisser les basses ignominies, les tromperies, les violences de la civilisation des mortels ? Car ainsi elle les nomme, ces êtres qui, même dans la générosité, suintent l'égoïsme et la corruption inconsciente, la pourriture de l'esprit et le culte du vice et du mensonge. Oh oui mère connaissait le sujet sur le bout des doigts et le maniait avec une délectation sans borne. Mais elle voulait autre chose pour sa fille. Sa merveille de pureté, celle qu'elle n'a jamais pu être. Elle ne devra pas vivre les même souffrance, car le risque est trop grand avec elle, et l'histoire pourrait se répéter, en plus violente, en plus cruelle. Ishnudora s'en doute, et elle a peur.
En revanche, la nouvelle décision de Sioun la ravit et avoue davantage le reconnaitre tel qu'était son frère. Cela pose quelques questions auxquelles il faudra répondre, mais ce ne sont que des détails qui a ses yeux ont peu d'importance.

Le premier chapitre de ce tome, ouvert avec sa réincarnation sur les terres elfiques, s'achève sur une incertitude. Ishnudora se trouve à présent face à un choix qu'elle ne peut plus repousser. Sa décision orientera irrémédiablement son avenir et lui attribuera un destin, qu'elle signera de son sang en bas à droite sous les petits caractères.

Il faisait nuit.
Ishnudora s'était arrêtée devant une des bâtisses du village en ruines. Une maison que rien, a priori, ne permettait de différencier des autres. La lune était cette nuit au plus haut du ciel, et découpait nettement ses ombres contrastées sur le sol. Quelques cadavres réanimés déambulaient péniblement non loin, hasardeux et sans conscience, dans le silence et l'indifférence.
Puis Ishnudora se dirigea paisiblement vers la porte, faisant une courte pause à son encadrement pour scruter à l'intérieur, puis s'immergea dans ces ténèbres de poussière de bois. Les fenêtres étaient condamnées et l'obscurité régnait en tyran, mais Ishnudora percevait de la même manière qu'une Kaldorei. Ainsi elle pouvait se frayer un chemin entre les obstacles. Tables brisées, chaises renversées, poutres effondrées... Suis-je le lien entre les trois peuples ? Pensa t-elle. Non ! Sans peuple ni parti. Peut-être mes futurs enfants, si j'en ai un jour...
Ishnudora frissonna, comme si cette pensée faisait naître chez elle un sentiment dont elle ne parvenait pas à identifier l'origine.
Un de ces morts debout se tenait immobile au bas des escaliers. Le regard vide, le dernier bras pendu à son épaule démise et sa mâchoire oubliée à ses pieds osseux et brisés. Ishnudora s'en approcha et il fit un vague mouvement de rotation vers elle, et leva plus ou moins son bras dans la direction approximative de l'elfe en faisant grogner son larynx, privé visiblement et physiquement de ses cordes vocales. Ishnudora passa à côté de lui, le poussant doucement d'une main dans sa figure, ce qui lui fit perdre son précieux équilibre, pour aller se désarticuler bruyamment au fond d'une armoire ouverte.
Passant par dessus les marches traitresses et piégeuses, Ishnudora parvint sans mal à l'étage, et se dirigea spontanément à l'entrée de l'une des pièces.
"Me voici, mère."
Deux lueurs, petites mais intenses, apparurent dans le coin le plus noir de la pièce délabrée, et semblèrent souffler "Je ne t'ai pas demandée."
"Mais vous m'attendiez tout de même, alors je m'annonce, par politesse."
Les lueurs s'élevèrent légerement vers Ishnudora. "Quelque chose te trouble, ma fille tant aimée."
Ishnudora sourit. "Oui, mère. Mais je viens vers vous sereine, sachant que vos paroles sont sincères envers moi car..."
"... car je me soucie de t'offrir ce que je n'ai pu avoir."
"Et pourtant, je vais m'opposer à vous, mère. Vous le savez. Je vous soupçonne d'être en partie responsable de ce qui arrive à mon frère en ce moment. Peu m'importe que votre responsabilité soit infime, je m'y oppose. Et je m'oppose à tous ceux qui en sont la cause."
"Ne t'a t-il pas demandé, plus ou moins explicitement, de le laisser mener sa vie et de mener la tienne ? Ne te disais-tu pas heureuse qu'il change pour redevenir violence et furie ?"
"Oui, mais... les choses vont trop loin. Un fois de plus..." Ishnudora marque une pause, hésitante et pesant ses mots. "... une fois de plus j'exprime mon désaccord avec l'idéal de ma famille. La différence est que cette fois, je ne fuirai pas."
Le ton était doux mais ferme, telle qu'Ishnudora savait prendre lors des circonstances qui l'imposaient.
"Quel est l'avis de l'elfe que tu aimes ?"
Ishnudora resta silencieuse. Les lueurs de plissèrent malicieusement.
"Ma fille adorée. Tu portes manifestement autant que nous tous la contradiction dans tes actes. Mène les jusqu'au bout et tout sera plus clair. J'accepte que tu t'y oppose, mais ça ne saura durer."
"Peut-être avez-vous peur de finir comme votre mère." Lança Ishnudora.
L'intensité des lueurs se fit violente un court instant. Ishnudora baissa la tête "Je... pardonnez-moi."
"... Non peut-être as-tu raison. Nous verrons bien. A vrai dire... cela me surprend agréablement de ta part."
Ishnudora déglutit, réalisant ce que cela signifiait. Puis elle releva les yeux. "A propos... Hakutao m'a confirmé avec douleur ce que Sioun avait prétendu, et que je n'avais pas cru..."
"De quoi parles-tu ?"
"Je ne veux pas vous menacer, mère. Je vais me contenter de vous prier, pour l'amour des étoiles, de nous laisser en paix, lui et moi. Je ne veux pas de votre pouvoir ! De votre murmure..."
Mère cracha ses paroles comme d'une colère retenue : "Tu sais parfaitement les risques que tu prends en prenant la décision de vivre avec lui. Tu as essayé de lui expliquer. Alors assumes tes choix et celle que tu es !"
"Je ne suis pas vous."
"Oh non, non. Bien entendu !"
"Bien."
"Très bien."
"Parfait."
Ishnudora tremblait légèrement. Elle s'assit sur le sol et s'adossa contre le reste de la porte, en soupirant.

[...]

Le temps a passé. Ishnudora s'est faite de plus en plus rare. Et puis certains ont pu constater la disparition des quelques affaires qu'elle laissait habituellement lorsqu'elle venait à l'auberge. A en juger par le rangement sommaire de son petit coin de chambre, le départ s'est fait dans la précipitation. Pas de mot, pas d'enveloppe, pas de lettre. Juste un peu de terre sur le sol, et quelques étrange vagues traces de brûlure ici et là sur un mur, un dossier de chaise, un drap.
Puis personne ne l'a revue. Elle n'a pas fait parler d'elle et aucun de ses proches de l'a revue.

Haku entra dans la chambre où Ishnu avait l'habitude de se reposer quand elle était dans le coin. Voila plusieurs jours qu'il ne l'avait pas vu et cela l'inquiétait... Il resta figer un instant sur le pas de la porte, puis entra, silencieux. Il s'était passé quelque chose et au fur et à mesure qu'il cherchait des indices, dans les affaires éparses, les marques de brûlures ou les odeurs, son regard se durcissait, ses gestes se saccadaient, sa colère montait; qui avait osé touché à sa femme, à sa perle, à son unique amour?? Il descendit les escaliers aussi calmement qui possible pour éviter d'attirer l'attention, puis, une fois dehors, sauta sur son cheval et appela Pititaile, son oiseau espion qui l'avait tant de fois servit de coursier auprès d'Ishnu:

"Pars vers la pointe Sud et cherche la sur toutes les terres que tu survoleras, tu as 48H max."

Alors que l'oiseau s'envolait, Haku, lui, talonnait déjà sa monture, le regard farouche, fixé vers le Glas...

La brume est épaisse et sombre.
"Jamais deux sans trois, ô marraine."
*un silence*
Ishnudora tend la main fermée sur dix parchemin scellés.
"Voici ce que vous désiriez de moi.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu mes les apporte, mais qu'il en soit ainsi."
Les parchemins disparurent doucement dans la brume.
"Tu trouveras le talisman sur ta route, enfant de la bonne fortune.
- Merci ô Ysera.
- Tu as changé depuis ta dernière visite. Je comprends le pourquoi de tes projets, et cela ne fait qu'affirmer davantage qui tu es. L'innocence est une illusion de l'espoir plus que de la conscience. Tu as compris que tu n'es pas la bienvenue ici, comme ailleurs. Mais... ton lien avec moi est éternel, c'est un fait. Il ne disparaitra que si j'échoue face aux reptiliens. Et là, j'ignore ce qu'il adviendra de toi.
- Je ne perds pas de vue que si l'occasion m'en est donnée, je viendrai vous apporter mon soutien, au nom de ce que vous avez sacrifié jadis.
- Et ton elfe ? Tes... parents ?
- ... Je ne sais pas... Je... j'irai au bout de ma conviction. L'avenir décidera."

Les personnes qui étaient proches d'Ishnudora ont pu faire un reve paisible dans lequel elle leur apparait calme et sereine. Elle s'adresse à eux en ces termes.

J'ai fait un rêve. Je le fais de plus en plus souvent, et ce rêve m'appelle.

Un vent de liberté, pour qui ne cherche ni guerre ni gloire, ni peuple ni parti.
Pour les solitaires de ce monde. Ceux qui n'ont pas leur place sur le grand échiquier de l'histoire, et n'en veulent pas. Les différents, les incompris, qui ne rêvent pas de gloire ni de guerre. Les observateurs, les témoins du monde qui ne se battent que pour leur propre survie, leur propre liberté. Ceux qui n'appartiennent, ou n'appartiennent plus à aucune race, aucun peuple, et n'ont plus aucun devoir ni aucune dette envers leurs origines.

Un territoire une famille, un refuge. Là où nous pouvons nous cacher, ou ne plus nous cacher. Ne jamais plus paraitre ni comme des alliés de quiconque, ni comme une menace. Dans mon rêve, nous restons enfouis sous l'histoire. La moralité, le bien et le mal sont des notions secondaires, des notions d'un jugement appartenant à d'autres sociétés.

Les fuyards, proies, abandonnés et témoins gênants et fugitifs que plus personne ne protège...
Vengeurs, amers, revêches, colériques, insociables et hargneux...
Monstres, malformés, maudits, comme ma propre mère.
Ceux qui ne cherchent que la perfection selon leurs propres critères de perfection, envers et contre tout jugement...
Les espions, informateurs. Les gardiens, surveillants solitaires perdus ou perdants.
Les enfants bâtards, les illégitimes, les non raciaux, comme moi. Sans peuple ni parti.

J'ai fait un rêve. Offrir en toute justice la reconnaissance de leur existence et de la valeur de leur vie. Ensuite leur offrir des repaires et repères. Offrir des moyens, une place egoïste dans le monde, et une force pour ne plus craindre et ne plus fuir.

Eriger une encyclopédie du savoir, un puit désintéressé de connaissance. Uniquement pour survivre. Un savoir non destiné à la suprématie. Un savoir pour l'accomplissement.

A bientot, nous nous reverrons.

Haku s'éveilla en douceur ce matin-là, il s'assit sur son lit, un léger sourire attristé sur son visage...

Ainsi donc ta décision est prise mon amour... Je te l'ai dit je ne te suivrais pas, je dois me battre ici pour que ton rêve se réalise...
Mais mon amour pour toi reste entier, et le sera à tout jamais...

Mère est revenue. D'un endroit d'où on ne revient pas. D'une manière qui n'existe pas. C'est la deuxième fois qu'elle fait ça.
Son histoire personnelle raconte, entre autres, qu'elle s'est plus ou moins arraché l'âme pour se soustraire à l'amour qu'elle éprouvait pour un druide absent, afin de ne plus souffrir. Elle renia son âme-sœur, et se maudit elle-même. Elle était jeune, naïve et idéaliste. Elle est morte ce jour là. On ne survit pas sans âme.
Mais elle s'était relevée. L'intensité de sa colère et de sa haine envers elle-même ont fait converger les vents de puissances présent à ce moment précis, et son âme errante et assoiffée de désespoir s'en abreuva afin de renaître mi-kaldorei, mi-démon, et devrait survivre avec la seule moitié de son âme.
Et bien des épreuves suivirent pour payer le prix de cette émancipation, ou malediction, diront certains. Chacune de ces épreuve la rendait plus forte, et son pouvoir grandissait en elle. La maîtrise de l'ombre qui avait hébergé sa renaissance, et la glace dure et froide comme son esprit.
La prêtresse déchue ainsi avait fuit ceux qui avaient autrefois placé de grands espoirs en elle, son temple, son peuple, ne gardant que de maigres contacts avec ses parents. Et puis il y a eu Theobald. Un esprit libre, une flamme de lumière. Elle l'avait admiré en secret pendant un temps. Après tout, elle était mariée... mais maintenant... Elle avait fini par attirer son attention. Cet être humain cachait au fond de lui une grande valeur, et elle avait su le lire. Elle ne s'était pas trompée. Cet homme lui apportait une chaleur oubliée, et elle le fascinait par son indépendance, son hypnotisme. Une même détermination les animait tous deux. Il fut le père de Sioun, et Ishnudora. Deux enfants très particuliers appelés par des étoiles pour des raisons mystérieuses. Ils grandirent rapidement, puis les événements séparèrent la famille. Les enfants s'évaporèrent du monde pendant un temps. Puis une étoile le rappela à la réincarnation auprès de Lune d'Argent, car il avait un rôle à jouer dans ce monde. Ishnudora n'apparut que plus tard, cherchant à rejoindre son frère jumeau qui lui manquait tant. Les parents, de leur côté, avaient fait toutes les recherches possible pour savoir qui étaient leurs enfants, et où et comment ils avaient disparus. Si bien qu'au prix de l'immense sacrifice e leur vie et d'une grande partie de leurs pouvoirs, ils firent la douloureuse traversée afin de rejoindre leurs enfants.

Le bonheur de les revoir n'eût d'égal que la peine qu'ils éprouvaient à regarder leur reflet immonde. Et lorsqu'un daelundir expliqua le principe de base de ce fameux urbis, Arcia pu y voir une chance. Aussi damnée qu'elle était, elle n'était plus que la moitié d'une âme torturée, qui se nourrissait à l'époque en torturant les autres, s'abreuvant de leur instinct de survie. Leur souffrance et leur désir de vivre lui étaient agréables.
Mais maintenant, elle n'avait plus de plaisir, plus beaucoup pouvoir. Par des stratagème et des prédispositions qu'elle supposait posséder, elle entreprit d'y entrer afin d'observer et de comprendre par elle-même les rouages de cette chose. Ça serait dur, extrêmement difficile, et ainsi elle demanda mon aide. Mes affinités avec le Rêve, et cette faculté à parfois changer de plan, ou à voyager dans différentes réalités, pouvaient me permettre de l'observer de l'extérieur, sans être vue. Et le cas échéant, beaucoup plus difficile, de l'aider en influençant légèrement le cours des choses. Accéder à un espace de l'autre côté du miroir, dans cet univers corrompu, était une performance perilleuse. Nous utilisâmes le pendentif que j'avais "acheté" à un avatar d'Ysera contre une liste de noms particuliers. Je n'en suis pas fière, mais il me fallait aider ma famille. Je le donnais donc à mère pour que je puisse l'atteindre. Et un ami aida Hakutao à me rejoindre derrière ce miroir pour m'assister. Il s'est montré réellement volontaire et sans son aide... et malgré le fait qu'il n'était pas habitué à ce genre d'endroit et qu'il perdait parfois ses repères *se frotte la tête en grimaçant* il a été d'un grand secours.

Ce que nous avons vu, il n'appartient qu'à ma mère d'en parler ou non. Mais elle était clairement plus victime que ce à quoi elle s'attendait. Il s'en est fallu de peu pour qu'on la perde définitivement, d'ailleurs. Mais il semble qu'elle ait trouvé un moyen d'obtenir ce qu'elle cherchait. Je n'évoquerai pas le rôle d'Onirion dans cette histoire, encore trop sujet à interprétation.
D'après ce qu'elle m'a raconté, elle s'est retrouvé nue six pieds sous terre. Imaginez à quel point vous devez vous accrocher pour vous déterrer vous-même. Après de nombreux efforts acharnés, elle finit par sortir un bras. Elle était au Berceau de l'Hiver. Là où elle était née. Là où c'était également déroulée une scène de sa vie, sa soeur disparue, qu'elle a revécu dans cette prison maudite pour son âme. Etrangement, son apparence avait un peu changé, pour se rapprocher du mien. Celui d'une demi-elfe. Peut-être une altération à cause de ma présence dans son esprit. Un chevalier de la mort se trouvait là par hasard. Que venait-il faire dans la région ? Nous ne le saurons peut-etre jamais. Mère était dans son élément. Sa glace natale, et il semble qu'elle a su tirer ce qu'elle voulait de l'endroit duquel elle sortait. Elle tua... de nouveau... ce malheureux chevalier. Elle n'a pas voulu me raconter comment, mais elle le dépouilla de son équipement, de sa monture, de ses runes...

Après toutes ces années, mon frère, mère est de retour. J'ai un peu peur, mais je suis heureuse. Puisses-tu la revoir.

Miroir mon beau miroir. Ne me réponds-tu que par un simple reflet ?

"Ah, cette odeur... le fumet de la putréfaction vient mourir ici, à Val Terreur. Mère aurait pu choisir un autre endroit pour me donner rendez-vous..." pensa t-elle.
C'était en effet un bien étrange endroit, loin de tout, caché de tous, sauf des créatures nauséabondes et agressives. Son habitude, probablement... Ishnudora était montée à l'étage et admirait à une fenêtre poussièreuse le coucher de soleil, rêveuse. Ce soir, elle allait revoir son frère. Cette seule pensée la baignait dans un écrin de velour et de chaleur. Qu'elle se dépêche ! Pourquoi ce soir ?
Peut-être avait-elle quelque chose d'important à lui dire auparavant. Cette idée ne la rassurait pas, mais elle s'efforçait de la tenir à l'écart de son écrin douillet.

Le soleil était à présent dévoré par l'horizon, et la fraîcheur semblait surgir de sa boîte, goûtant enfin la liberté. Cette fraîcheur naïve et juvénile qui courrait d'ombre en obscurité, rapidement rattrapée sans s'en apercevoir, et tué d'un violent coup dans le dos par un froid sec et mordant, impitoyable. Ishnudora se laissa frissonner et croisa les bras en haussant les épaules.
"Bonsoir ma fille."
Isnudora sursauta légèrement puis se retourna pour apercevoir sa mère à l'encadrement de la porte de sa pièce. Elle lui souriant tendrement, malgré son visage glacial et figé. Elle portait une simple robe blanche et sombre sous laquelle une légère brume givrée tournoyait imperceptiblement jusqu'au sol pour s'y évanouir dans l'air.
Ishnudora se jeta contre elle, le sourire jusqu'aux oreilles.
"Mère, n'êtes-vous pas en retard ? Je ne sais pas encore où cela doit se dérouler. Que vouliez-vous me dire, mère ?"
"Ma tendre fille. Ne t'inquiète pas. Tout est en ordre. J'ai tout prévu. Le retour de ton frère est ce qui nous préoccupe le plus. Mais te souviens tu ce qu'Onirion demande avant cela ?"
Le visage d'Ishnudora redevient sérieux. "Eh bien... oui. Il exige une sorte de jugement publique. D'Inannä."
"Qu'en penses-tu, mon enfant ?"
"Je... je la maudit éternellement, oui... mais cette exigence là, c'est autre chose... Je n'en ai pas envie. Je n'en ai pas besoin... et c'est surtout le fait que ce soit ce Daelundir qui soit derrière cette idée. Je n'arrive pas à l'accepter. D'ailleurs, j'irai moi-même lui dire..."
Arcia sourait puis leva doucement la main pour lui couper la parole.
"Cela ne te concerne pas, ma fille. Je préfère que tu n'y sois pas."
"Mais... je dois être présente... ne serait-ce que pour mon frère... et Hakutao y sera, il compte sur moi ! Il n'est pas le seul !"
"Ils ne peuvent pas comprendre. Regarde-les se laisser corrompre l'esprit par leur propre doctrine. Il ne valent guère mieux que l'estime dont ils se saupoudrent eux-même l'ego."
"Mère !!! Comment osez-vous..."
Le visage d'Arcia montra sa peine en entendant ces mots, qu'elle avait elle-même lancé à sa propre mère... peu avant de la tuer.
"Tu as raison. Je suis aigrie, sans doute. Je crains simplement que ton bonheur actuel ne soit fugace. Concentre toi sur ton projet, ma fille. Ta cause est noble et magnifique, mais tu es perturbée par la proximité avec ces gens qui t'atteignent. Mais plus important encore, je veux te préserver de toute la mort et la corruption qui sera présente ce soir autour de nous. Tant de haine et de sadisme jaillissant de ces autres êtres qui n'en sont que les pitoyables victimes inconscientes. Je m'attends à un spectacle des plus affligeant, et je désire t'épargner cela."
"Mais... Sioun ? Haku ?"
"Ils auront la charge de comprendre. Ton frère saura. Et ainsi je saisi l'opportunité de t'ouvrir les yeux sur cet elfe, Hakutao, qui se ment à lui-même, et donc à toi aussi, depuis son enfance, m'a t-on dit. Ses.. responsabilités en sont la meilleure preuve."
"Mère, vous me faites une peine immense. J'aime Hakutao plus que tout au monde... vous devriez comprendre ce que ça signifie..."
"Voila pourquoi il est plus que temps. Je souhaite me tromper, ma chérie. Mais j'en doute... nous en reparlerons après votre prochaine rencontre. Je suppose qu'il était sur cette... liste ?"
"Oui. Un des dix noms que j'ai remis à la mère des rêves, sur sa requête, pour obtenir le talisman qui nous a servi à hakutao et moi, pour vous aider, mère."
"Les personnes que tu aimes le plus ?"
"Pas exactement. Dix des personnes qui ont participé à la construction de ma vie. Pas forcément les plus importantes...Simplement dix d'entre elles. j'ai utilisé des critères plus subtiles. Hakutao, oui... le premier à avoir posé les yeux sur moi, sur moi à l'intérieur. J'ai eu l'impression que ses yeux entraient dans mes chairs et dans mon âme."
Arcia fit quelques pas, mal à l'aise.
"Il y avait Cirthas aussi... quelqu'un de particulier de qui je recevait d'une manière particulière... C'est un être qui semble accomplir chacun de ses actes dans une dimension différente, à chaque fois. Ô combien étrange. J'ai écrit Verdrey aussi, pour l'impression qu'elle m'a faite lors de notre rencontre. Sioun était là. Cela commence à faire longtemps. J'espere lui reparler un jour. Mangabey, que je connais si peu, mais dont j'admire la ténacité placide de ses convictions. Une personne fascinante, voila pourquoi je l'ai inscrit. Moordred. Il a été à l'écoute, et malgré sa réputation, m'a respectée plus que je ne l'attendait. Surtout de la part d'un être tel que lui..."
"Ou alors est-ce sa nature qui est la raison de sa considération pour toi."
"Peut-être... Je l'aime beaucoup. Mère... pardonnez-moi. J'ai noté Asramil." Arcia ne laissa paraître aucune réaction. Un silence pesant se fit quelques secondes.

"Et.. Inannä également. Car par le passé, elle a fait preuve d'une énorme bonté et d'une volonté d'attention particulièrement appuyée. En cela, elle gardera mon respect à jamais. Malgré tout."
"De plus, comment lui en vouloir d'être faible ? Elle ne pouvait faire autrement. Elle aussi n'est qu'une pauvre victime inconsciente de sa propre condition. Je ne peux pas nier ma colère et ma rancoeur pour ce qu'elle a fait, mais considérons qu'il est inutile de l'accabler encore et encore. Elle n'en fera rien et restera minable, indigne de fréquenter des êtres tels que mes enfants."
"Mère, une fois de plus, je vous en prie ! Je sais que vous êtes capable de plus de respect... que devenez-vous ?"
"Je suis toujours la même, ma fille aimée. Une mère qui ne désire que protéger son fils, et sa fille. De par ma condition, mes origines incomprehensibles, on me crachera dessus, encore et toujours, malgré ma tempérance. Parce que je ne leur ressemble pas."
Ishnudora se retint, par respect, et parce que le temps s'écoule et n'est plus à gaspiller, de commenter la justesse de ces propos.
"Ma fille, je t'avoue à toi, que cela me touche plus que je ne souhaite le montrer. Peut-être un jour gagnerai-je la considération de certains... en attendant, tu ne dois pas voir Inannä ce soir. Je serai avec eux, les accableurs. Parce que je me dois d'être au côté d'Onirion, pour l'instant. Il ne doit se douter de rien d'autre que ce qui est, et malgré tout je lui suis reconnaissante pour certains détails."
"Je vous ai vue souffrir à cause de lui, mère. Hakutao l'a vu aussi, il nous a aidées ! Alors pourquoi ?!"
"C'est mon devoir... pour une fois, je sens que j'ai un devoir... La souffrance est une chose avec laquelle j'ai appris à vivre il y a longtemps, sauf celle qu'inflige votre disparition, ma fille, de ton frère et toi. Je reconnais la valeur de ton elfe, mais cela ne masque pas le reste, helas."

Au fur et à mesure qu'elles parlaient, Ishnudora ne remarquait pas le givre recouvrant peu à peu les murs, le sol. L'air autour d'elle restait à une température normale, tel une bulle préservant sa chaleur corporelle.

"Ma chère fille, je vais t'épargner la torture de ta raison déraisonnable, et prendre un choix pour toi. Helas, cela te causera d'autres douleurs, qui passeront avec le temps. Je t'en fait la promesse. Je m'en excuse, mais elles sont nécessaires. Je vais rencontrer Onirion, il me mènera, avec d'autres de ses proches, devant Inannä pour ce dernier mauvais chapitre. A propos... quels sont les trois derniers noms de la liste ? ..."
"Je.. ne comprends pas... que voulez-vous dir..."
Arcia posa sa main glacée sur la joue de sa fille, puis soudain glissa violemment, sans s'incliner et de manière totalement surréaliste, hors de la pièce. La porte claqua, et bien qu'elle était certainement et irrémédiablement moisie depuis des années, elle se figea telle de la pierre dans son encadrement, et se recouvra rapidement de givre.

Ishnudora criait, appelait, suppliait. Elle frappa contre cette porte improbable, contre les murs engivrés, et ne cessa que lorsque son sang avait étoilé les remparts de sa prison de glace. Sa magie n'affluait plus en elle, malgré ses violents efforts pour l'atteindre. La volonté de lutter, et de sortir, infligeait une violence inouïe à son propre corps. Son visage se creusait, ses cheveux blanchirent. Sa mère retrouvait sa puissance à une vitesse vertigineuse. Alors elle s'effondra sur ses genoux, et pleura doucement en murmurant le prénom de son frère, de son père, de son fiancé. Pendant qu'Arcia arrivait sur Brill, accueillie par Onirion, aux traits de son fils, mais fidèle à lui-même.

Une voix grave, caverneuse, d'outre-tombe.
Va, fille, va ! Redécouvre le monde ! Redécouvre qui tu es !
Il fait froid. Il fait noir. Je me sens épuisée et comprends à peine ce qu'il me dit. Il me tire par le bras. D'un geste brusque, je me dégage et m'entoure de mes bras pour me protéger du vent froid. Je me rend compte que je suis nue.
Il tourne son visage vers moi, mais je ne le vois pas. La capuche de son long manteau sombre empêche la lumière de la lune de révéler ses traits. Mais je sens qu'il m'observe.
Qui est-il ? Que veut-il de moi ?
Avance donc, et va, jeune fille. Voici ta seconde chance.
Sa main viens cruellement reprendre la mienne et la tire à nouveau. Je n'ai pas la force de lutter et me laisse entraîner mal gré. La pierre était froide au sol. La terre l'est tout autant. La tête baissée, je ne bouge plus. Il m'a lâchée, et je reste debout, immobile et l'esprit embrumé. Je ne cherche même pas à savoir ou je suis, qui je suis, ni où je dois aller. Ni ce qu'il veut.
Mais quelque chose à changé, ce qui suscite en moi une question. Il ne me traîne plus. Où est -il ?
Je lève la tête et tente de voir autour de moi. Tout est flou, mais je ne le vois plus.
Il est parti.
Sans me poser davantage de question, je me mis en route, les bras croisés sur ma poitrine et a demi accroupie pour moins m'exposer au vent froid qui vient me fouetter la peau.



J'ai déjà fait ce rêve. C'était le premier rêve de ce genre, qui semble réaliste, mais ne se rattache à aucun souvenir.
Cette fois, il était plus net.
Cet homme qui me tirait par le bras... je le connais. Ça y est, je sais qui c'est. Ce n'est pas un homme.
Encore à moitié endormie, et les idées confuses, mes souvenirs se perdent avec ceux que j'ai hérité de ma mère.
C'était en Outreterre. Quelques part dans les tranchantes. Le désespoir la transperçait. Jamais je n'ai senti si vive sensation. Jamais je n'ai connu plus intense douleur. Ni avant, ni depuis.
Je ne comprends pas ce qui se passe. Une kaldorei à genoux, en pleurs, et hurle sauvagement la tête retombée vers l'avant. Ses longs cheveux blancs descendent jusqu'à la poussière humide des larmes.
Son âme se consume de l'intérieur. Elle est trop jeune pour cette épreuve. Trop faible. Elle n'en peut plus et veut mourir. C'est sa propre âme qui la fait souffrir. Alors elle veut se l'arracher, peut-être sans même se rendre compte de ce qu'elle fait.
Une silhouette sombre se profile doucement derrière elle. Il ressemble à un Draenei. Il s'approche d'elle tout doucement, comme tout naturellement. Au moment où elle tombe en avant, il s'agenouille et la retient tout juste avant que sa tête ne touche le sol.
Ils ont fait une erreur, jeune fille, que je ne commettrai pas.
Il la soulève sans mal d'une main et la tient debout par l'épaule. Elle est inerte, les yeux mis-clos gorgés de larmes ensanglantées.
Puis il plonge violemment la main dans l'abdomen de l'elfe, juste au dessus du nombril. La douleur physique la secoue de quelque spasmes, et elle émet quelques vagues geignements.
Le bras de l'inconnu devient éthéré et violacé. De sa main se répandent bientôt des sortes de petites tentacules d'ombre tournoyant autour de son bras, puis du corps de l'elfe. L'inconnu murmure quelques paroles, que l'on attribuerai à une incantation en langue démoniaque, puis d'un coup sec et violent pousse l'elfe en arrière, obligeant les tentacules à entrer en elle et y disparaitre.
L'elfe git au sol dix mètres plus loin, encore à demi consciente.
Va, jeune fille. Voici ta seconde chance. Je ne serai jamais loin.
Sur ces mots, il reprends sa route lentement, et disparait à l'horizon, alors que l'elfe aux cheveux sales crache à quatres pattes un liquide visqueux noir.


Mère... ce... Draenei... c'est... ce n'est pas un Draenei.
Je l'ai vu. Il me souriait.
Tu es étonnante, jeune fille. Ysera elle-même ne semble pas se douter de ce que tu as fait.
Je ne comprenais pas de quoi il parlait.
Mais cela te coute cher... Ta mère ne voudrait pas que tu meures. Et donc, moi non-plus. Le risque est trop grand.
Un douleur intense dans ma tête, mes bras, mes mains. J'ai ensuite perdu connaissance.

Je ne sais plus... quand ça s'est passé, ni ou, ni pourquoi. Je ne me souviens plus.
Mais c'était lui. C'est encore lui...

Tu étais seule au monde, ishnudora. Ta famille nourrissais des desseins qui te déplaisaient, et tu ne voulais que t'éloigner d'eux, même si tu les aimais.
Ton mentor t'as tout appris, et tu étais la fille qu'il n'avait pas pu avoir. Mais un jour, on lui a rendu cet enfant volé. Alors tu es partie dans ce rêve que tu connaissais si peu, en fait.
Tu n'as eu aucun regret à y entrer, jeune druidesse surdouée que tu étais. A mes yeux même tu as disparu, à travers un monde qui m'est inaccessible. Ce que tu y a trouvé, je l'ignore, Ishnudora. Mais tu y a emporté l'âme de ta famille avec toi, et ton frère, le plus vif d'entre vous, a été le premier à en sortir. Je l'ai senti, et j'ai su vous rejoindre, après avoir aidé tes parents à préparer leur propre voyage.
Car ce genre de voyage ne m'est pas inconnu, jeune fille.
Lorsque je t'ai trouvée, tu étais... en bien piètre état. J'ai fait ce que j'ai pu... mais toi et ton frère êtes différents. Je l'ai compris trop tard.
Hy... Hyiopé ?

Personne. Un vent tiède souffle doucement sur Nagrand, mais le soleil est passé depuis longtemps derrière la montagne. L'obscurité voile l'horizon. Ishnudora s'en retourne dans sa torpeur, la main sur le ventre protégeant amoureusement son enfant.

"Haku, c'est toi ?"

Ishnudora leva la tête de son livre. C'était bien la silhouette de son époux qui venait de passer derrière ces feuillages ! Elle l'appela encore une fois, puis déposa doucement son livre et se leva difficilement, en prenant bien soin de son ventre pesant. Elle s'avança pas à pas en scrutant les feuillages. Pourquoi se cacherait-il ? Lui préparait-il une surprise ? Elle souriait à cette idée, mais quelque chose la dérangeait. Un murmure lui parvint de de derrière elle. C'était sa voix. Elle se retourna.
"Chéri ?"
Personne. Elle se sentit blêmir et sa gorge se noua, l'empêchant d'avaler sa salive. Elle inspira tout l'air qu'elle pu pour contenir la naissance d'un sanglot d'inquiétude. Ca n'était pas la première fois que ça lui arrivait, et elle se sentait seule, dans ce coin de Nagrand. Ce refuge était chaleureux et paisible, mais l'esprit d'ishnudora torturait sa tranquillité. "Tu me manques, amour" murmura t-elle.
Elle se rassit, puis ferma les yeux dans un effort de volonté pour se reprendre. A peine avait-elle clos ses paupières que les visions l'assaillirent de nouveau.
Dans un décor ressemblant à la Péninsule des Flammes, cinq immenses sphères noires rayonnaient, imposantes et gigantesques dans le ciel. Puis ces sphères éclatèrent, et des milliers de reptiles tombèrent au sol jusqu'à le recouvrir d'un amas noirâtre et grouillant. Ishnudora s'était figée, la frayeur et l'horreur l'envahissaient petit à petit. Mais elle tint bon. Ouvre les yeux... ouvre-les ! Ceci n'est rien... garde ton calme... protège ton enfant.
Elle se vit, plus jeune, au loin, sur un lion galopant entre les reptiles belliqueux qui tentaient de l'attraper.
Elle ouvrit enfin les yeux. Elle était debout au milieu du ruisseau. Il pleuvait. Elle se précipita hors de l'eau et alla se réfugier sous la bâche de l'abri non loin.
Ca ne pouvait pas continuer, se disait-elle. Elle ne pouvait pas attendre ainsi qu'un drame survienne.
Résolue, elle alla chercher ses sacs, et commença à y ranger quelques affaires.

Haku se sentait comme un lion en cage. Il avait beau tourner et retourner le problème et ses données dans son esprit un milier de fois aucune réponse, aucun début de piste ne lui venait...
Déambulant dans les labyrintiques égouts de Dalaran il se parlait à lui-même à voix basse, cherchant dans le faible écho de sa voix le soupçon d'un début d'idée...

Elles sont deux...
La mienne est l'originale mais la deuxième est plus proche de ce que fut la mienne...
L'une perd la mémoire alors que l'autre la retrouve, mais il n'y a pas de liens dans les souvenirs perdus et retrouvés...
Ishnu est enceinte mais l'autre a aussi d'étranges nausées
L'une a été sauvée par Hyopé, l'autre créée...
Elles sont liées... Mais en quoi? Et comment??
Des fragments... Je n'ai que des FRAGMENTS!!!

Haku ponctua le dernier mot d'un violent coup de poing dans le mur de pierre suintant, espérant expulser sa frustration il ne réussi qu'à se faire mal...

Bordel!! Si je n'ai pas toutes les données je ne peux rien faire! Une réaction trop hâtive pourrait être catastrophique...
Si seulement je pouvais savoir, si seulement je pouvais revoir...
Haku écarquilla les yeux... Re-voir...
...
...
CHROMIE!!!

Haku se précipita vers le trou d'évacuation des eaux de la citée le plus proche et sauta dans le vide en émettant un long sifflement aigü. Sa chimère vint le cueillir en une fraction de seconde et se mit en stationnaire en attedant les ordres.
Galbrum, cap sur la Tour du Repos de Ver, Fissa!!
A cette ordre la chimère émit un bref grognement et fila vers le Sud.